Nouvelle vague de violence sur Le Caire. Dans un doute attentat commis devant l'entrée principale de l'Université, considérée comme le bastion des Frères musulmans, un général de brigade, Tarek al-Mergawi, officiant à la tête du service judiciaire du Caire, a trouvé la mort. Parmi les blessés, le général Abdel Raouf al-Serafi, conseiller du ministre du ministre de l'Intérieur, et deux colonels. Deux heures plus tard, en plein centre de la capitale, 3 engins explosifs ont été désamorcés devant les abris des policiers en faction. Une quatrième bombe a été retrouvée dans une voiture stationnée près de l'université et désamorcée. L'Egypte, qui s'enlise dans la violence grandissante depuis neuf mois, est assurément confrontée au défi sécuritaire pris à bras le corps par le gouvernement intérimaire mobilisé dans une campagne implacable contre les Frères musulmans. Le bilan est lourd : depuis le 3 juillet, plus de 1.400 islamistes tués, dont plus de 700 au centre du Caire dans la seule journée du 14 août. Décapitée, la confrérie des Frères musulmans, blacklistée en « organisation terroriste » et vouée aux gémonies par ses anciens alliés du Golfe, subit de plein fouet la détermination des nouvelles autorités d'en finir avec le mal terroriste : plus de 15.000 arrestations dont la plupart des leaders poursuivis par la justice. La semaine dernière, 529 Frères musulmans ont été condamnés à mort par le tribunal de Mineh, en Haute-Egypte. En représailles, des groupes d'insurgés, révélant la présence d'Ansar Beït al-Maqdess présenté comme un groupe clandestin basé dans le Sinaï et affilié à al Qaïda, ont revendiqué de nombreux attentats visant les forces de l'ordre qui ont payé un prix fort : 252 policiers et 187 soldats tués dans des « attaques terroristes » depuis le 3 juillet. Cette escalade meurtrière coïncide avec l'annonce de la candidature à la présidentielles, prévue les 26 et 27 mai, du général Abdel Fattah al-Sissi, combattue par les islamistes décrétant la mobilisation générale. Autour de la mytique place Tahrir, et en Alexandrie, le soutien au candidat Sissi, gagnant les cimes de popularité dans une Egypte exsangue et menacée de chaos, est une caution à la politique d'éradication qu'il a promis de mener jusqu'au bout en cas d'accession à la magistrature suprême que toute l'Egypte médiatique et les experts donnent pour inéluctable.