La psychanalyse reste une approche incontournable pour appréhender la souffrance psychique. C'est ce qu'ont souligné des psychologues et des psychiatres ayant pris part au séminaire consacré au père de la psychanalyse, Sigmund Freud. Lors de cette rencontre organisée jeudi par l'Université d'Alger 2 (Bouzaréah), en collaboration avec l'ambassade d'Autriche, un appel à la réhabilitation de l'enseignement de la psychanalyse et de la pensée freudienne dans les cursus universitaires en Algérie a été lancé, estimant que l'enseignement de la psychanalyse et de la pensée freudienne est important dans les sciences humaines, notamment en psychologie, car elle constitue une méthode importante d'investigation du mental. Cette journée d'étude, selon le vice-recteur de l'Université d'Alger 2, Ratiba Guidoune, « vise à faire connaître Sigmund Freud, vulgariser ses travaux et faire découvrir ses méthodes thérapeutiques aux étudiants ». Des perspectives de coopération entre des universités algériennes et autrichiennes, en matière de psychanalyse, sont également menées. Prenant la parole, l'ambassadrice d'Autriche à Alger, Aloisia Worgetter, a souligné que « cette journée est une occasion pour les psychologues et psychiatres algériens d'échanger leurs connaissances et expériences avec leurs confrères autrichiens pour l'acquisition mutuelle de nouvelles données cliniques ». La psychanalyse, méthode d'investigation psychologique visant à élucider la signification inconsciente des conduites, a été mise au point par Sigmund Freud dès 1890 avec l'entame du « traitement de l'hystérie par l'hypnose ». « A partir de 1896, Freud emploie pour la première fois le terme de psychanalyse. En 1897, il commence son analyse et découvre le complexe d'Œdipe qui devient le pivot de son œuvre », a affirmé Daniela Finzi, anthropologue experte au Musée Freud de Vienne. Les rêves et les souvenirs décortiqués Les psychologues et psychiatres algériens suivent-ils la méthode freudienne dans la prise en charge des patients ? Le Dr Nacir Benhalla, psychologue, dit « avoir adopté cette technique, et l'expérience médicale s'accorde avec l'œuvre de Freud qui s'adapte parfaitement à notre société qui connaît de grandes mutations ». Evoquant quelques cas traités, le Dr Benhalla dira : « La névrose touche les jeunes garçons (25-35 ans) célibataires plus que les femmes. Les motifs sont la timidité, l'inhibition, les trouble sexuels, les conflits de couple ou les conflits parents-enfant ». « Devrions-nous mettre Freud au musée ? » s'est interrogé Fateh Ahcène, professeur ayant lu l'intervention de Monika Pessler, directrice du Musée de Freud à Vienne. Au terme de cette lecture qui a permis de mettre en exergue la réflexion de Freud, ses ouvrages, il dira : « Depuis 40 ans, les gens continuent à venir au musée s'inspirer de ses analyses et consulter ses livres. Le musée reçoit 75.000 visiteurs par an. » La richesse de l'héritage de Freud a été également abordée par Houria Ahcène Djaballah qui a souligné que « la psychanalytique occupe une place prépondérante dans la formation des psychologues cliniciens algériens, et c'est un corpus théorique auquel se réfèrent les praticiens ». Elle affirmera, dans ce contexte, qu'« après la décennie noire, les praticiens algériens se sont intéressés aux thérapies de groupe et familiales car la réalité interne ne peut être dissociée de la réalité externe ». Selon elle, la thérapie cognitive comportementale (TCC) est la plus utilisée en Algérie. Des débats fructueux ont suivi les interventions.