Les attentats de Paris, les crimes perpétrés par Boko Haram au Nigeria et au Cameroun, la situation en Ukraine et au Proche-Orient, la guerre mondiale contre le terrorisme pourraient étendre leurs ombres sur ce « brainstorming » mondial. Comme chaque année, près de 2.500 décideurs, dont 40 chefs d'Etat et de gouvernement et 1.500 chefs d'entreprise, se retrouveront, sous haute sécurité, à partir d'aujourd'hui et jusqu'à samedi prochain, dans la petite ville suisse de Davos, pour plancher sur les grands enjeux économiques et politiques de cette année. « Une année cruciale, à la croisée des chemins », déclarait, mercredi dernier, Klaus Schwab, son fondateur, lors d'une conférence de presse. Ce dernier espère assister à un Forum tourné vers l'avenir, avec si possible, des sessions consacrées à la gestion des crises. C'est dans cette optique que le président Petro Porochenko animera une conférence, demain après-midi, sur l'avenir de son pays. Massoud Barzani, président du gouvernement régional du Kurdistan irakien, et Nasser Judeh, chef de la diplomatie jordanienne, animeront, quant à eux, une session consacrée à la situation sécuritaire en Irak et en Syrie. Berceau du printemps arabe, la Tunisie déléguera Béji Caïd Esbessi, fraîchement élu Président. Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, sera aussi à Davos. Le président français, François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil italien, Matteo Renzi, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, Roberto de Azevedo, et la patronne du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, sont annoncés. L'Afrique sub-saharienne sera aussi présente. Le président sud-africain, Jacob Zuma, et son homologue rwandais, Paul Kagame, animeront une session consacrée à son développement. Cachez-mois les inégalités Selon une étude de l'ONG Oxfam diffusée, hier, le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépassera en 2016 celui des 99% restants. Précision de l'ONG, cette part des richesses détenues par ce 1% le plus riche de la population mondiale est passée de 44% en 2009 à 48% en 2014. A l'inverse, les 80% des pauvres ne détiennent que 5,5% de la richesse mondiale, avec une moyenne de 3.851 dollars par adulte. « Voulons-nous vraiment d'un monde où 1% de la population possède plus que tout le reste réuni ? », s'interroge Winnie Byanyima, directrice d'Oxfam et co-présidente du Forum. « Continuer comme si de rien n'était n'est pas sans coût pour les élites », dit-elle, estimant que l'incapacité à s'attaquer aux inégalités pourrait « ramener la lutte contre la pauvreté plusieurs dizaines d'années en arrière ». Autre signe insensé de ces inégalités, en 2014, les 80 personnes les plus riches de la planète, contre 85 l'année précédente, possédaient autant de richesse que les 50% les plus pauvres, soit 3,5 milliards d'êtres humains. Question à résoudre à Davos où les conviés découvriront que le nombre de milliardaires dans le monde a plus que doublé depuis la crise financière de 2008, pendant qu'un million de femmes sont mortes en couche, faute de disposer des services de santé de base : comment réduire ces inégalités qui sont « un frein à la croissance ». Oxfam réclamera « l'organisation, cette année, d'un sommet mondial sur la fiscalité pour réécrire les règles fiscales internationales ». Les 2.500 décideurs vont-ils faire avancer le principe d'une fiscalité plus forte sur l'extrême richesse, s'entendre sur une lutte contre les paradis fiscaux ?