De son vrai nom Fatiha Bellal, Fatiha Berber a été inhumée, hier, à Birtouta. Retour sur l'arrivée de la dépouille mortelle à l'aéroport international Houari-Boumediene, Alger, où l'émotion a été à son paroxysme. Ceux et celles parmi sa famille, ses amis, ses collègues et ses admirateurs qui ont effectué le déplacement n'ont pu retenir leurs larmes à la vue du cercueil drapé de l'emblème national exposé au salon d'honneur de l'aéroport Houari-Boumédiene. Après un moment de silence, les présents, dont Mme Nadia Labidi, ministre de la Culture, Mohamed Yahiaoui, directeur du Théâtre national algérien, Hamraoui Habib Chawki, ancien directeur général de la télévision, Lakhdar Ben Torki, directeur de l'Office national de la culture et de l'information, ont lu la Fatiha et prié pour celle qui a toujours sublimé l'art. « La scène artistique algérienne vient de perdre une icône et l'une des doyennes de l'art, du théâtre et de la télévision en Algérie » dira Mme Nadia Labidi. « En cette douloureuse épreuve, nous ne pouvons qu'exprimer nos condoléances les plus attristées à sa famille et à toute la famille artistique et prier Dieu Tout-Puissant de les assister et d'accueillir la défunte en Son Vaste Paradis » ajoutera-t-elle. Dernières acclamations Dans la soirée, l'ensemble de la famille artistique s'est retrouvé pour un dernier recueillement au TNA, lieu mythique qu'elle a illuminé par ses réparties. Des proches, des artistes, des comédiens, des réalisateurs, des chanteurs, des producteurs audiovisuels et autres anonymes ont défilé, pendant une heure, devant le cercueil de la défunte pour jeter un dernier regard, un ultime au revoir. Tout de sombre vêtu, Badis Foudala avait du mal à cacher son émotion. « C'était une femme de caractère. Elle nous a quittés en accomplissant ses ablutions. J'ai eu la chance de travailler à ses côtés. Je garde d'elle le souvenir d'une grande dame. En toute logique, ses œuvres sont une réussite. Avec un jeu de scène typique, elle a réussi à élargir de plus en plus son public. L'art était pour elle un mode de vie, un univers de rencontres et de partage » Foudala a tenu à rappeler son parcours « exceptionnel ». Surtout à l'époque où elle a commencé. Souvent, les rôles de femme étaient distribués aux hommes. En décodé, les femmes à l'époque n'étaient pas autorisées à faire du théâtre. « C'est un peu grâce à elle que les portes se sont ouvertes à la femme algérienne pour que, maintenant, les métiers de l'art soient accessibles à la gent féminine. » Il a tenu à souligner, en dernier, la nécessité de préserver la mémoire de cette grande comédienne en inscrivant son nom au prochain festival du théâtre féminin d'Annaba et d'inculquer son parcours à la jeunesse montante. En pleurs, l'ancienne comédienne, Doudja Achachi, témoigne : « C'était un modèle. L''instruction qu'elle recherchait avait pour objectif non seulement de parfaire sa personnalité, mais surtout d'être utile à la communauté ». « Elle faisait partie de cette génération d'hommes et de femmes qui ont donné au 4e art algérien ses lettres de noblesse » dira, très ému, le comédien Fouzi Saïchi. Présent à la cérémonie, le comédien Saïd Hilmi confie : « J'ai passé toute une vie aux côtés de cette grande et talentueuse dame. On est arrivé ensemble au métier. On était complices. Fatiha est une femme qui a beaucoup souffert. Elle a affronté le danger de plaire ou de déplaire. Malgré ma peine, lorsque j'aperçois les gens dans la rue qui me demandent le jour de l'inhumation de la défunte, je me dis qu'on ne s'appartient plus ». Abdelkader Bendamèche, journaliste et président du Conseil national des lettres et des arts, a tenu à lui rendre un hommage à sa manière en retraçant son parcours professionnel. « La défunte s'est distinguée, notamment, dans de célèbres duos avec Rouiched et Athman Ariouet. Elle s'est illustrée de son vivant par un parcours aussi riche que diversifié, en interprétant plusieurs rôles pour le cinéma, le théâtre et la télévision. Elle a excellé et acquis sa notoriété en jouant des rôles principaux dans de nombreux films, notamment « Hassen taxi » et « Aila Ki Nass » ou encore « Deux femmes », ainsi que dans plusieurs téléfilms, dont « El Massir » (le destin) et « El Bedra 1 et 2 » (La graine). « C'était une comédienne d'une grande sagesse, une artiste convaincue, une femme à principes, jalouse de son identité, doublée d'une générosité inégalable et d'un humanisme extraordinaire » soutient le célèbre comédien Taha Lamiri, évoquant ses grandes qualités humaines et professionnelles.