Plus de 1.000 milliards de dinars circulent en dehors des banques. Une masse monétaire qui échappe à l'effort de l'épargne nationale. Un manque à gagner que la mesure contenue dans la loi de finances complémentaire (LFC) relative à l'assainissement de l'économie informelle ambitionne de récupérer. Comment les banques entendent-elles s'y prendre pour vaincre les réticences et amener les récalcitrants à accepter de déposer leurs fonds « dissimulés » dans les banques ? Nous savons que la LFC 2015 a prévu un mécanisme légal : les dépôts de cet argent se feront en contrepartie d'une taxe forfaitaire fixée après, qui est de l'ordre de 7%. Nous en savons davantage sur le timing et le procédé, depuis hier, à la lecture des déclarations du ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa. Ce sont les banques qui vont se déployer sur le terrain à la rencontre des milieux informels pour les convaincre du bien-fondé de la démarche des pouvoirs publics quant aux objectifs recherchés et surtout à les rassurer sur la transparence et la confiance qui doivent accompagner l'opération de régularisation. Plusieurs communications sont prévues. Elles se déploieront dès la semaine prochaine. Il a été expressément demandé aux établissements bancaires d'aller vers la catégorie de clients concernés, y compris dans les places à forte activité commerciale, afin d'encourager ces derniers à transférer leur argent du circuit informel à « la sphère formelle ». Cette opération vient en application d'une mesure instituée par la loi de finances complémentaire pour 2015 qui a fixé à 7% la taxation forfaitaire libératoire applicable sur les sommes déposées auprès des banques par des personnes physiques qui peuvent, désormais, transférer leurs capitaux du circuit informel vers les banques. « Les banques vont même, peut-être, installer des guichets dans les sphères où il y a une forte activité commerciale », précise le ministre des Finances, qui tient à rassurer les détenteurs de ces capitaux sur la discrétion et la sécurité devant entourer ces opérations. C'est à la date du 15 août que les personnes concernées peuvent commencer à déposer leurs fonds. L'objectif est double : lutter contre l'économie parallèle qui a envahi le marché national et renflouer les caisses de l'Etat qui ont besoin de nouvelles ressources pour compenser la baisse des revenus pétroliers. Et contribuer, in fine, à réduire le déficit budgétaire induit par la dépréciation du Sahara Blend. Si certains sont sceptiques quant à l'aboutissement de la démarche tel que préfiguré, Benkhelfa est optimiste : c'est le moment de ramasser maintenant cet argent, résultante d'une intense activité de ces 15 à 20 dernières années. Présentant le projet comme une mesure de rétablissement de confiance entre le gouvernement et le citoyen. Une bancarisation souhaitée qui mettra un terme à une économie à deux vitesses.