Marcher ou flâner dans les rues d'Alger devient de plus en plus difficile. Et pour cause, le délabrement des trottoirs et leur occupation par les vendeurs informels, les mendiants et les commerçants. Ils sont devenus le prolongement des magasins ou des espaces de stockage des marchandises en tous genres.Une situation qui pénalise les piétons. Lorsque la gêne n'est pas par terre, elle vous vient de l'eau dégagée par les climatiseurs ou le linge étendu sur les balcons. Pour le président de l'Ordre des architectes, Djamel Chorfi, cette situation est due à « l'absence de culture de respect des espaces publics communs et leur accaparement par les citoyens ». « Une attitude qui s'est répandue en l'absence de contrôle et suite à la ruralisation des villes et des quartiers », selon notre interlocuteur. Djamel Chorfi souligne que « l'inexistence de textes qui réglementent la commande privée (auto-construction) est également à l'origine de l'accaparement des espaces publics, notamment les trottoirs ». « Les propriétaires sont livrés à eux-mêmes et les nouveaux lotissements sont dépourvus d'espaces communs et quand ils existent, ils ne répondent pas aux normes requises. C'est le cas notamment de la largeur des trottoirs. Idem pour le cachet architectural qui ne répond nullement à notre identité amazigh et arabo-musulmane », indiquera notre interlocuteur. « La police de l'urbanisme n'est pas assez outillée en moyens humains et matériels, ce qui aggrave la situation », ajoutera notre interlocuteur. Pour ce qui est du délabrement des trottoirs, même ceux refaits depuis peu, un architecte urbaniste estime que « les matériaux utilisés et le choix des couleurs du pavé sont des facteurs qui favorisent la dégradation rapide ». Cet état de fait est « la résultante de l'exclusion des professionnels et de l'octroi de marchés à des non- spécialistes qui ignorent tout des techniques usitées dans ce type de réalisation », a-t-il estimé. Les pouvoirs publics, conscients des altérations subies par le patrimoine architectural, ont décidé de prendre les choses en main, en commençant par la révision de la loi 90-29 portant aménagement urbain. Dans ce sens, et depuis 6 mois, un comité de pilotage installé par le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, se penche sur l'élaboration d'un nouveau texte de loi. « Le chaos urbain est atteint », estime le président de l'Ordre des architectes, Djamel Chorfi.