Bachar al Assad ne pouvait mieux espérer. Un cadeau du ciel, dira-t-on, pour le régime syrien qui voit dans la contestation populaire qui secoue le pays depuis plus d'un moins, les mains «conspiratrices» des Etats-Unis et d'Israël. Selon le Washington Post, citant un câble de Wikileaks, les Etats-Unis ont financé en secret des groupes de l'opposition et une chaîne Barada TV (créée en 2009 à Londres) proche des exilés du Mouvement pour la justice et le développement. Le Département d'Etat, poursuit le quotidien, a financé ce mouvement à hauteur de 6 millions de dollars depuis 2006 et l'administration américaine a pris en charge d'autres figures anti-régime, sous la présidence de George W. Bush quand ce dernier a rompu ses relations avec Damas en 2005. Les financements ont perduré avec le président Barack Obama, même si le journal n'avance pas davantage de détails. Voilà donc un argument massue qui conforte et accrédite à la fois la position du président syrien vis-à-vis d'une opposition qui néanmoins gagne en influence et en terrain. D'où le durcissement de ses positions politiques, et son appel, une première depuis le début des manifestations pour la « démocratie », à la « chute du régime ». Le mouvement s'est amplifié encore hier lors des manifestations de milliers de personnes dans plusieurs villes, au lendemain de la mort de 11 manifestants tués par les forces de sécurité dans la région de Homs, selon des militants des droits de l'homme. Les opposants et la rue jugent insuffisante la promesse du président al Assad d'abroger dans les prochains jours la loi d'urgence, en vigueur depuis cinq décennies. Ils appellent au multipartisme et à la libération des détenus politiques. La France, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, affirme attendre une mise en œuvre effective débouchant sur la fin de la répression. « Nous avons relevé avec intérêt dans le discours du président Bachar al Assad notamment l'annonce qu'il a faite d'une levée de l'état d'urgence avant la fin de cette semaine », a affirmé lors d'un point de presse le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero.