Entre le Mouvement populaire de libération du Soudan, qui a abandonné, après les accords de paix de 2005 qui ont mis fin à la guerre civile entre le Nord et le Sud, la rébellion pour siéger dans le gouvernement d'union nationale, et le Parti du Congrès national du président Omar El Béchir, le courant ne passe plus. A l'approche des élections générales d'avril 2010 - les premières depuis 24 ans -, les divergences sur les réformes démocratiques et la loi qui doit encadrer le référendum prévues en janvier 2011 sur la sécession du Sud-Soudan, s'expriment dans la rue.Devant l'impossibilité de se faire entendre, le SPLM, appuyé par une vingtaine de partis d'opposition, ont tenté hier, dernier jour pour l'enregistrement des citoyens sur les listes électorales, une manifestation pacifique devant le siège de l'Assemblée nationale à Omdurman, banlieue de Khartoum, pour, disent-ils, pousser le gouvernement à adopter des réformes politiques. Peine perdue. La police, qui a mis en garde l'opposition contre cette manifestation « illégale », a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule et a procédé à des dizaines d'arrestations, dont Pagan Amum et Yassir Arman, les deux premiers dirigeants du SPLM, Abbas Gumma, un secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur, Barmina Awrial, la responsable de la Santé à Khartoum et Seddik al-Tourabi, le fils de l'islamiste Hassan al-Tourabi. Aussitôt les arrestations de ceux qui ont brandi des banderoles proclamant « Nous voulons notre liberté », Juba, la capitale du Sud, s'est attelée à donner la réplique à Khartoum. Des locaux du parti d'el-Béchir ont été incendiés à Juba et Wau, la capitale de la province de Bchr el-Ghazal occidental (sud-ouest) et Rumbek, elle de l'Etat des Lacs (sud). Le Soudan ne gère pas seulement ce conflit du Sud, il affronte depuis février 2003 un conflit à son flanc ouest, le Darfour, une province riche en eau et pétrole. Le géant africain de 39 millions d'habitants, dont près de 20 millions électeurs, serait-il condamné à voler en morceaux ?