Ambiance n Le public a scandé simultanément la totalité des chansons avec la star du rap algérien. Une formidable harmonie a marqué ce gala organisé, hier soir, à l'esplanade de la Grande-Poste. «Djeich Echaâb maâk ya Lotfi…»… C'est avec cette expression répétée à maintes reprises que Lotfi Double Canon a été reçu par les centaines de spectateurs présents à son arrivée. L'artiste salue tout le monde, enlève sa casquette et baisse sa tête en signe de reconnaissance. A 23h 40, la star incontestable de la soirée monte sur scène. Des youyous et des applaudissements fusent de partout durant quelques minutes. «Merci Ouled bladi», leur répond Lotfi. Avec ses chansons variées abordant les problèmes de la jeunesse, les mutations sociologiques et le non-respect par les responsables de leurs engagements vis-à-vis des citoyens, il pouvait se produire jusqu'à l'aube sans que personne n'ose quitter les lieux. On lui demande toujours de continuer. «Zid, Zid ya Lotfi» (encore, encore Lotfi) lancent les fans à la fin de chaque titre interprété. Hier soir, l'esplanade de la Grande-Poste et ses environs se sont avérés exigus et les bousculades étaient inévitables. «On chante nos problèmes pour qu'on nous entende du ministère des Affaires étrangères ?», demande l'artiste. Ouiiiiiii, répliquent les jeunes, présents en force à cette occasion et qui ont compris déjà que le thème sera l'émigration clandestine. Ils ne se sont pas trompés, puisque la première chanson interprétée est Harragas. En dépit de la densité du texte, de la profondeur des paroles et du rythme accéléré, caractérisant ce genre de musique, le public a chanté simultanément avec l'artiste sans rater le moindre mot. «Ce n'est pas pour vous pousser à la harga, mais pour que les pouvoirs publics nous entendent et œuvrent à résoudre nos problèmes», lance-t-il à l'issue de cette chanson. La même phrase a été répétée avec d'autres titres traitant du même sujet : Sardinia (Sardaigne), El-Babor (le bateau), etc. «Si vous votez pour moi, je vais vous acheter un bateau plus grand que ‘'le Titanic''», s'amusait l'artiste, sous un tonnerre d'applaudissements et de youyous. C'est dans cette même ambiance que s'est déroulé l'ensemble du gala. Cavia, Jeans serré, Chellel aynik…Lotfi Double Canon n'a pas omis, en effet, d'évoquer le thème des jeunes filles et des relations affectives. Il a chanté les mutations s'étant emparées de notre société, notamment en matière de tenue vestimentaire chez les femmes. Cela n'a pas déplu aux jeunes filles et femmes âgées qui répliquent par des youyous. «Il n'est pas en train de nous dénigrer, mais c'est la pure vérité», s'accordent à dire celles interrogées à cet effet. Le chaâbi et le raï ont aussi été présents à ce gala, puisque l'artiste a dédié à son public l'immortelle chanson Lahmam Eli rebitou m'cha âaliya du regretté El-Hadj Mohamed El-Anka et la célèbre chanson de Mohamed Lamine avec le groupe Magic System Ahya dellali. C'est avec ces titres que la star du rap algérien a clôturé cette soirée qui a égayé le public présent. Mais avant de quitter la scène, Lotfi demande aux familles de lui pardonner pour les mots «osés et crus» utilisés dans ses chansons. Les familles applaudissent et le remercient…