Devant la cherté des moutons et la faiblesse du pouvoir d'achat de la majeure partie des pères de familles, observer la Sunna d'Abraham constitue un vrai «sacrifice». De simples employés ne pouvant joindre les deux bouts se trouvent encore une fois devant une fête trop coûteuse. Certains n'hésitent pas à s'endetter pour acheter le mouton car il s'agit avant tout de procurer la joie et le bonheur aux enfants. «Je ne peux admettre que mes enfants restent à l'écart alors que ceux des voisins s'amusent avec le mouton. Mon salaire me permet à peine de pallier les besoins vitaux. Je m'endette pour acheter un mouton, et après l'Aïd je rembourse graduellement», témoigne A.S, quinquagénaire, simple fonctionnaire dans une administration locale à Alger. Selon lui, une grande partie de ses collègues de travail recourent à la même solution et se retrouvent dans l'obligation de serrer la ceinture afin de pouvoir payer leur dette. «Il est vrai que le goût de l'Aïd n'y est plus en raison de la cherté de la vie et la dégradation du pouvoir d'achat, mais nous devons observer ce rite. Nous faisons cela pour ne pas être considérés comme pauvres et recevoir l'aumône des voisins. C'est une question de dignité», ajoute notre interlocuteur. Il faut dire aussi que d'autres pères de familles, et ils sont nombreux, font l'impasse sur l'achat de mouton depuis quelques années déjà, expliquant à leurs enfants qu'ils en sont incapables à cause de la cherté de la vie.