Les principaux organes de presse tunisienne ont souligné ce samedi la victoire du peuple tunisien, appelant à une bonne gestion de la période de transition. Le quotidien Essabaha a titré en grande Une : «Et le peuple a dit son mot», mettant en avant des photos de manifestants tabassés par la police, des foules se dirigeant vers le ministère de l'Intérieur et aussi une toute petite photo de Ben Ali en bas de la page. Dans son éditorial, on lit : «Le pays a entamé une nouvelle étape. Le peuple tunisien a recouvré sa dignité et son indépendance qui lui ont été confisquées pendant de longues années où régnaient misère, fermeture d'horizons, corruption et confiscation des libertés.» L'éditorialiste tire à boulets rouges sur le clan Ben Ali. «Ceux qui ont tenu au pouvoir jusqu'à la dernière minute ont fini par comprendre le prix à payer lorsqu'on fait la sourde oreille aux aspirations de la rue….». L'éditorialiste appelle à l'union de toutes les forces vives de la société tunisienne pour entamer une nouvelle étape prometteuse. «Nous sommes aujourd'hui devant un tournant historique et nous devons nous unir pour que les sacrifices du peuple soient fructueux pour le pays.» Pour sa part, le quotidien Le Temps rend hommage aux manifestants. Un seul mot à la Une, écrit en rouge, «Le peuple». Dans son éditorial intitulé «La seule présidente à vie», le journal insiste sur la nécessité d'aborder la prochaine étape avec plus de sérénité en mettant en place des mécanismes permettant de répondre favorablement aux attentes du peuple tunisien. «Le Président Ben Ali est parti et s'il est encore constitutionnellement Président (à l'heure où nous mettons sous presse), il est politiquement fini. En tous les cas, c'est la première fois dans le monde arabe qu'un puissant chef d'Etat est poussé vers la sortie par les grondements de la rue... Du mal naît le bien cependant. La Tunisie saura retrouver sa cohésion. Il n'y a qu'elle qui soit «Président, ou plutôt, Présidente à vie», lit-on dans l'éditorial. Le quotidien Echourouk a abondé dans le même sens. En grande Une, «La volonté du peuple triomphe», un éditorial titré «Tunisie l'éternelle» et des images de jeunes tabassés, des femmes en pleurs et du ministère de l'Intérieur encerclé par des manifestants… «Le peuple tunisien a décidé de se libérer de l'injustice et de la dictature et il l'a fait avec brio. Notre peuple a beaucoup patienté, il a souffert, mais il a fini par dire son mot après que les balles assassines de policiers ont atteint nos enfants. Le pouvoir a commis l'irréparable et il devait partir…», lit-on dans l'éditorial. «Et dorénavant, celui qui présidera la Tunisie devra prendre en compte la dignité de ce peuple et qu'il n'y a plus de chèque en blanc», conclut l'éditorialiste.