Expression n Y a-t-il une seule et unique manière de faire du théâtre ? Les pièces se jouent-elles suivant un schéma et une rhétorique monolithique ? Il se trouve qu'il n'y a pas une seule vision de la pratique théâtrale, homogène et conventionnelle. Il y a diverses manières de faire du théâtre, et Gosto-théâtre, une compagnie théâtrale dirigée par le dramaturge Ziani-Cherif Ayad, tient à le démontrer à travers ‘Café du bonheur'. Cette pièce se veut un spectacle vivant et coloré. Lors d'un point de presse, hier, au centre culturel de la radio nationale, Ziani-Cherif Ayad dira : « Le retour du café-théâtre dans les villes algériennes était un idéal à recréer, mais difficile à atteindre, parce que les responsables des lieux culturels ont une idée monolithique du 4e art.» «Il y a plusieurs formes d'expression théâtrale», ajoute-t-il, et d'expliquer : «Les pièces de théâtre ne devraient pas être jouées uniquement dans des salles de spectacles conventionnelles mais peuvent être déclinées dans d'autres endroits, comme les cafés populaires, par exemple.» Ainsi, le dramaturge tient à préciser qu'il voulait recréer l'ambiance d'antan, cette ambiance populaire et ce, à travers des cafés-théâtres, mais, précise-t-il, dans «le bon sens du terme avec des comédiens qui possèdent une interprétation qui est complètement différente de celle du théâtre conventionnel.» «Car nous avons une intimité, un rapport au spectateur qui est direct et cela demande une interprétation autre que celle sur scène avec les spectateurs en face», explique-t-il. Ziani-Cherif Ayad, qui œuvre à revisiter l'ambiance du théâtre populaire d'antan dans le but de rapprocher le théâtre du public, indique : «Nous n'avons pas besoin de scènes, mais de lieux conviviaux. Je tente de retrouver l'ambiance du café-théâtre dans laquelle des comédiens de talent tels que Rouiched, Mohamed Touri, Sid Ali Fernandel ou Rachid Ksentini abordaient, à partir d'anecdotes, des thèmes sociaux. En résumé, ma troupe et moi, nous œuvrons à faire un théâtre vivant en contact direct avec le public.» Et de poursuivre : «Quand on revoit les chansonniers de l'époque, style Rachid Ksentini, Touri, ce sont des comédiens qui avaient énormément vu de films muets. Ce type d'interprétation était dominé par une forme de mimique où l'expression était très importante et très élaborée. Peu de bavardage, mais juste ce qu'il fallait. J'essaie de recréer ce concept avec des histoires d'aujourd'hui. Je fais un aller-retour par l'intermédiaire de la chanson. La plupart d'entre elles, sont de vieilles chansons de Rachid Ksentini, Touri, etc, en racontant les histoires de nos jours. Je voulais faire un truc léger tout en partageant un moment de bonheur avec le public.» Atteindre l'objectif, celui de ressusciter les cafés-théâtres, relève du parcours du combattant. Il faut, selon Ziani-Cherif Ayad, «convaincre les responsables des lieux culturels d'organiser une représentation théâtrale dans un café populaire est une tâche très difficile, voire impossible». «Ces responsables ont une idée monolithique du théâtre et ils pensent qu'une pièce ne doit être jouée que dans des salles classiques.» S'exprimant sur le programme de la tournée que sa compagnie va entamer, le conférencier précisera qu'il s'étalera sur cinq dates, du 23 au 26 février, le spectacle sera donné au Palais de la culture, alors que le 28, il sera présenté à l'auditorium du centre culturel de la radio nationale. Le spectacle de Ziani-Cherif Ayad est baptisé «Café du bonheur». Il comprend trois tableaux : ‘Le gourbi ya mon ami', ‘L'agence de là-bas' et ‘Rana h'na', les trois racontent l'histoire de quatre personnages (un cafetier, un chansonnier, un jeune désespéré et un client déçu par ses rêves avortés) aux parcours différents mais complémentaires et reflétant la société d'aujourd'hui. Ziani-Cherif Ayad, qui a mis en scène entre les années 1980 et 1990 plusieurs pièces de théâtre à succès, dont ‘Galou Laârab galou', (1983), ‘Les martyrs reviennent cette semaine', (1987) et ‘El 'ayta', (1991), a également évoqué un prochain programme de débats, sensibilisation et découvertes de jeunes talents, avec les radios locales. Il s'emploie et ce, à travers la compagnie Gosto-théâtre de réconcilier le public avec son propre patrimoine et son besoin d'ouverture sur l'universel en s'inspirant des textes de grands noms du 4e art algérien.