Résumé de la 2e partie - Les souris auxquelles elle s'adressa ne semblaient pas connaître le secret qu'elle poursuivait... Là ils fichèrent en terre ma brochette. Maintenant je compris ce qu'ils voulaient : c'était d'avoir aussi leur arbre de mai. Ils se mirent à le décorer ; jamais je ne vis pareille magnificence. Des petites araignées vinrent couvrir le petit bâton de fils d'or, et y suspendirent des bannières finement tissées, qui volaient au vent ; au clair de la lune, la blancheur en était si resplendissante, que j'en eus les yeux éblouis. Puis ces industrieuses bestioles allèrent prendre les couleurs les plus éclatantes aux ailes des papillons endormis, et vinrent en barioler leurs charmants tissus.Quelques pétales de fleurs, quelques gouttes de rosée qui brillaient comme des diamants, furent placés çà et là avec goût. Je ne reconnaissais plus ma brochette ; jamais il n'y eut sur cette terre d'arbre de mai comparable à celui-là. On alla quérir les elfes pour qui on avait préparé toutes ces merveilles, les seigneurs et les belles dames ; ceux que j'avais d'abord vus n'étaient que des serviteurs. On m'invita à m'approcher pour jouir de la fête, mais pas trop près, car, en remuant, j'aurais pu écraser de mon poids quelqu'un de la société. Les danses commencèrent. Quelle délicieuse musique j'entendis alors ! A travers tout le bois résonnaient des chants d'oiseaux. C'était un son plein et harmonieux, et fort comme celui d'un millier de cloches de verre. Le tout était accompagné du doux susurrement des branches d'arbre ; je distinguai aussi le tintement des clochettes bleues qui étaient suspendues à ma brochette, qui, elle-même, frappée avec une tige de fleur par un des elfes, rendait le son le plus mélodieux. Jamais je n'aurais cru la chose possible. Ce petit bâton devenait un instrument de musique : tout dépend de la façon dont on s'y prend. J'étais transportée, touchée jusqu'aux larmes ; quoique je ne sois qu'une petite souris, j'ai la sensibilité vive, et je pleurai de joie. Que la nuit me parut courte ! Mais en cette saison, il n'y a pas à dire, le soleil se lève de bon matin. A l'aurore vint un coup de vent, qui emporta dans les airs toute cette splendide décoration de l'arbre de mai ; encore un instant, et tout cela disparut. Six elfes vinrent poliment me rapporter ma brochette, me remerciant beaucoup, et ils demandèrent si, en retour du service que je leur avais rendu, je ne voulais pas exprimer un vœu ; que, s'il était en leur pouvoir de l'accomplir, ils le feraient bien volontiers. Je saisis la balle au bond, et je les priai de me dire comment se prépare la soupe à la brochette. Mais tu viens de le voir, répondit le chef de la bande. Tu ne reconnaissais plus ton petit bâton ; tu as bien vu tout le parti que nous en avons tiré. Mais je ne parle pas au figuré, répliquai-je. C'est d'une véritable soupe qu'il s'agit. (A suivre...)