Rôles - Chacun présente une scène tirée de son texte préféré en y interprétant son personnage fétiche… qui donne lieu à des commentaires (éloges et diatribes) … Le manifeste des arlequins est l'intitulé de la pièce présentée, hier, par la troupe tunisienne de la troupe Atelier forum théâtre sur les planches du théâtre régional de Béjaïa et ce, dans le cadre de la tenue de la 3e édition du festival international de théâtre. La scène s'ouvre d'emblée sur une scénographique qui renvoie à une spatialité presque surréaliste, aux contours indéfinies : l'espace s'étend à l'infini, il n'a ni frontières ni repères ; c'est un univers dépourvu de matérialité. L'on est dans les limbes, à mi-chemin entre le paradis et l'enfer. Et dans cette existence dénuée de toute logique, des personnages tour à tour prennent forme ; ils investissent de leur présence cette réalité à la fois étrange et étrangère au commun des mortels. Toutes ces gens sont trois auteurs dramatiques, à savoir Marivaux, Beaumarchais et Hugo. Il y a aussi un poète qui s'essayait à l'art dramatique : Apollinaire. Une romancière qui avait fréquenté des auteurs dramatiques : George Sand. Et enfin un peintre Van Gogh. Tous s'y trouvent, s'y rivalisent et s'y disputent le titre du meilleur créateur littéraire. Ils s'emploient à passer le temps en recréant un salon littéraire. Chacun présente une scène tirée de son texte préféré en y interprétant son personnage fétiche… qui donne lieu à des commentaires (éloges et diatribes) jusqu'au moment où les valets de leurs drames et comédies font irruption pour imposer aux auteurs l'adoption d'un manifeste en guise de réparation des torts qu'ils ont essuyés de leurs créateurs…Le jeu était classique suivant un cheminement linéaire, tracé au préalable par une mise en scène conforme aux canons académiques, La pièce est jouée en langue française – le Français soutenu. La pièce, féconde, est jouée avec verve et loquacité. Le jeu est éloquent, inspiré. L'expression est pompeuse, émaillée de gestes élevés, ostentatoires. L'intonation est exubérante, parfois avec emportement. Le tout rehaussé, relevé. Un langage stylé, appuyé, remarqué. Le jeu est grotesque, excentrique. Et en dépit de tout cela, il n'en demeure pas moins qu'il manque d'originalité, de prestance scénique, d'esthétique. En somme, la pièce manquait de jeu, de relief, de volume : les comédiens et comédiennes ne jouaient pas leur texte, ils le disaient sans profondeur ni naturelle ni même conviction. C'était un jeu proprement scolaire. Le jeu manquait de réalisme scénique, de vérité ou de caractère. Notons que ce texte est mis en scène à l'issue d'un atelier de création ayant réuni une équipe d'étudiants stagiaires comédiens et comédiens confirmés, dont le metteur en scène Mohamed Djedidi.