Rendez-vous - La première soirée a été éclectique, marquée par le passage sur scène d'artistes de renom international, qui ont fait le bonheur des adeptes de ce genre musical. C'est sous le thème de la diversité, de la fusion et de l'interaction des sons et des instruments que le coup d'envoi de la 6e édition du Festival international de la musique diwan a été donné, hier, à la salle Ibn Zeydoun (Riad El-Feth). La soirée inaugurale a été animée par le célèbre saxophoniste afro-américain Archie Shepp qui a allié la liberté du jazz et la profondeur du blues aux sonorités de la musique africaine. Celui-ci, qui sait avec brio manier son instrument et composer, avec, des sonorités à la fois harmonieuses, soutenues et équilibrées dans le style jazz, a, dès l'entame de sa prestation, conquis le cœur du public. Son jeu marqué par des sons impressionnants et une puissance expressive permanente, était régulier, il avait du tempérament, de l'allure, de la teneur ; sa musique était empreinte de soul et de blues, styles qui, d'ailleurs, influencent toute son œuvre musicale. Accompagné de son orchestre (guitare, contrebasse, piano et batterie), du claviériste malien Cheikh Tidiane Seck et de la chanteuse Mamani Keïta, également du Mali, Archie Shepp, âgé de 76 ans, celui qui a animé la scène algéroise, en 1969, à l'occasion de la tenue du Festival culturel panafricain, a revisité des standards du jazz américain et a proposé au public une fusion avec des sonorités de la musique traditionnelle mandingue (Afrique de l'Ouest). C'est ainsi que se sont mêlés avec une grande finesse jazz classique et musique traditionnelle mandingue. Archie Shepp a déployé sur scène tout son talent d'improvisateur, en accompagnant, au saxophone ténor et à la clarinette, par petites touches ou par de puissantes envolées, les mélodies typiques du clavier de Tidiane Seck, accompagnée par la voix suave de Mamani Keïta. Le jeu musical doux, aux belles subtilités sonores, habilement tissées, se construisait au gré du moment. Un jeu intuitif, authentique, et qui explore des voies propres à l'instant et ce, grâce, en partie, à une voix superbe, claire et haut perchée, celle de Mamani Keïta. Rayonnante, la chanteuse a charmé l'auditoire et a ensorcelé le public, elle l'a attiré vers ses propres territoires, transporté dans son imaginaire où la confrontation avec d'autres horizons lui a permis d'affirmer au plus proche sa personnalité et ses racines. La musique se révélait hybride, ouverte, exprimant de la passion et de la personnalité. L'instrumentation était vigoureuse, résultant d'une sensibilité foisonnante, chaleureuse. La rencontre a été un grand et fort moment de complicité. C'était un moment de fierté et d'émotion tant le chant orchestré par des intonations vocaliques rythmées et mélodiques était aussi bien naturel qu'envoûtant. Chose qui a comblé l'assistance. Notons que la troupe «Ouled Bambara», troisième prix au dernier Festival national du diwan, a animé la première partie de la soirée, en interprétant des morceaux des répertoires marocain et tunisien du diwan. Cette troupe, qui jouit d'une grande notoriété nationale, a, par ailleurs, rendu un vibrant hommage au maître du diwan algérois, décédé en 2008, Maâlem Benaïssa, en interprétant Badaouia, une de ses plus célèbres chansons.