Il existe, en Algérie, des épopées magnifiques qui retracent ce que fut le combat libérateur de ce qui allait devenir la nation algérienne. Des hommes d'une exceptionnelle bravoure, portés par la soif d'un grand idéal, celui de la liberté, allaient donner jusqu'à leur vie pour briser les chaînes de l'oppression. Cet élan libérateur allait soulever tout le peuple algérien. Une action allait naître de cette merveilleuse émotion collective. Des flots de sang et une immense douleur allaient porter le peuple algérien au fronton de la dignité. Sa victoire sera celle de toute l'humanité et finira par sonner le glas d'une horrible perversion : le colonialisme. Au lendemain de la victoire, le peuple algérien se retrouvera à communier dans une frénésie de joie et d'amour. Le drapeau et l'hymne national avaient valeur de religion sacrée. La citoyenneté enfin conquise était portée comme une couronne royale. Mais c'était compter sans la présence de mouches schizophrènes qui avaient confisqué la victoire du peuple. Ils s'érigèrent en nouveaux maîtres. Pour garder le pouvoir, ils firent couler le sang de leurs compatriotes par milliers. Chaque clan voulut s'approprier le plus grand nombre de moudjahidine, les mettre de son côté. Comme ceux-ci n'étaient pas très nombreux, ils en inventèrent, allant jusqu'à en créer. C'est ce qu'on appellera, plus tard, les «faux anciens moudjahidine».Puis, ce fut la course des régionalistes. Chaque région voulut avoir l'honneur d'avancer le plus grand nombre de moudjahidine. Est contre Ouest, contre Kabylie, contre Ouarsenis, contre Sud, etc. On en vint même à spéculer sur le nombre de chouhada dont les cérémonies de réinhumation tournaient à l'exploitation médiatique. Ce fut l'ère des «chercheurs d'os». Entre-temps, le nombre des anciens moudjahidine allait croissant, jusqu'à dépasser en nombre celui des plus grandes armées du monde. D'authentiques moudjahidine se dressèrent contre cette infamie. Ils furent écrasés sans ménagement par un régime menteur qui ne pouvait subsister que par le mensonge. On dit aujourd'hui que nous avons 80% de faux moudjahidine. Mais c'est un autre tabou.