Soudain Hayat se remet à pleurer. Smaïl, pardonne-moi..., pardonne-moi de t'avoir dit de rester encore. Va rejoindre ta famille. Mais ne m'oublie pas... Ma maison te sera toujours ouverte. Si tu ne me cherches pas je ne te chercherai pas. Les propos de la jeune femme ont tellement ému Smaïl qu'il la prend de nouveau dans ses bras. Il ne s'en libérera que vers midi. Quand il arrive chez lui, il est reçu avec joie par ses enfants. Sa femme, en revanche, le regarde de la tête aux pieds. — Hum...Tu as l'air bizarre, Smaïl... — Ah bon ? Tu trouves ? —Oui.Explique-moi comment tu as fait pour être si propre ? — Pardon ? — Tu es très propre. Je veux dire que tu ressembles à quelqu'un qui a pris une douche il y a une heure environ. Smaïl fournit un effort hors du commun pour ne pas s'affoler. Avant de rentrer il s'est arrêté dans une douche publique pour enlever l'odeur du parfum de Hayat. Il pouvait s'estimer heureux que celle-ci ne se soit pas imbibé le corps avec un de ces parfums dont les effluves demeurent tenaces pendant des jours et des jours. — Oui, j'ai pris une douche ce matin, à l'hôtel... — Et tu as fait le trajet Oran - Alger par route sans qu'une trace du voyage soit visible sur ton corps. Il n'y a même pas la moindre trace de transpiration... C'est fou ce que les voyages te réussissent, Smaïl ! — Tu es extraordinaire, chérie ! Tu as le chic de créer de ces sujets de discussion. — Mais ce n'est pas moi qui ai créé ce sujet ; il s'est imposé de lui-même. Il est quand même extraordinaire que tu aies parcouru plus de 400 kilomètres sans transpirer. Smaïl aurait pu inventer n'importe quoi pour expliquer pourquoi il donnait l'air d'avoir pris une douche très récemment, mais il s'en abstient. S'il se justifiait trop cela voudrait dire qu'il avait quelque chose à cacher. (A suivre...)