Remaniement ■ le président français, François Hollande, a nommé hier Manuel Valls comme Premier ministre pour «ouvrir une nouvelle étape» de son quinquennat. Il a adressé un signe à l'aile gauche de sa majorité avec un nouveau «pacte de solidarité», au lendemain de la cinglante défaite des socialistes aux élections municipales. «Il est temps aujourd'hui d'ouvrir une nouvelle étape», a souligné le chef de l'Etat, lors d'une allocution télévisée solennelle de huit minutes. Pour tenter de rassurer l'aile gauche de sa majorité, inquiète de la nomination de Manuel Valls, François Hollande a annoncé aussi un «pacte de solidarité». Acculé, jusque dans son camp, à remanier son équipe et à réorienter sa politique, le président français s'est aussi engagé à baisser les impôts. «J'ai entendu votre message, il est clair. Pas assez de changements et donc trop de lenteur. Pas assez d'emplois et donc trop de chômage. Pas assez de justice sociale et trop d'impôts», a dit le chef de l'Etat, au plus bas dans les sondages. «J'ai confié à Manuel Valls la mission de conduire le gouvernement de la France. Ce sera une équipe resserrée, cohérente et soudée. Un gouvernement de combat», a-t-il promis. A côté du projet de «pacte de responsabilité», qui doit permettre aux entreprises de réembaucher en échange d'une baisse de leurs charges, François Hollande a annoncé «un pacte de solidarité» incluant «une diminution des impôts des Français» d'ici 2017 et «une baisse rapide des cotisations payées par les salariés». Moins de deux ans après son accession au pouvoir et à deux mois d'élections européennes qui s'annoncent au moins aussi périlleuses pour la majorité, le président français a essuyé à travers les élections locales une défaite personnelle. Les électeurs de gauche lui ont fait défaut, une grande partie d'entre eux se réfugiant dans l'abstention, ne lui pardonnant pas son incapacité à faire baisser le chômage comme il s'y était engagé. Il faut «changer de trajectoire» vers plus de «solidarité» envers les plus modestes, et «indiquer à nos partenaires européens que la politique d'austérité telle qu'elle est menée n'est plus supportable», avait ainsi estimé le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis. Né à Barcelone et devenu français à 20 ans, tenant d'un socialisme à la Tony Blair, notamment en matière économique, qui l'a souvent placé en porte-à-faux avec son parti, M. Valls, 51 ans, est plus populaire à droite qu'à gauche. Lors de sa dernière prise de parole dans la nuit de dimanche à lundi, il avait estimé que les Français avaient exprimé «une attente vive (...) et parfois de la colère», relevant qu'il s'agissait «bien d'une défaite locale et nationale pour la gauche et le gouvernement». L'aile gauche du Parti socialiste a exprimé sa stupéfaction à l'annonce de la nomination de Manuel Valls. La décision de François Hollande est «précipitée», a jugé l'un des chefs de file de ce courant, Emmanuel Maurel. «C'est plus que surprenant de prendre celui qui est le plus à droite au Parti socialiste», a aussi estimé la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann, autre ténor de ce courant. En perdant lors des municipales au moins 155 villes de plus de 9 000 habitants - certaines à gauche depuis plus de 100 ans -, le camp socialiste a abandonné à la droite son statut de premier pouvoir local. François Hollande paie notamment très cher son incapacité à inverser, comme il l'avait promis, la courbe du chômage. Le nombre de demandeurs d'emplois a atteint en février le chiffre record de 3,34 millions.