InfoSoir : M. Tounsi, l?organisation des DG de la police arabe est l?un des organismes les mieux structurés, les plus efficients en matière de coopération policière. Où en est cette coopération justement ? Ali Tounsi : C?est en fait uniquement une association de toutes les polices arabes. Tous les responsables des polices se réunissent une fois par an. On passe en revue et on étudie des dossiers qui relèvent de notre secteur. Des dossiers parfois très importants. A travers ces réunions, nous arrivons à trouver des formules très intéressantes et même très efficaces, notamment en matière de coopération dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et même les crimes ordinaires. Nous sommes en fait très efficaces parce que nos relations sont suivies et fortes. Des relations doublées de liens d?amitié et d?une totale confiance mutuelle. Et c?est ce qui constitue la base d?une coopération sécuritaire unique, car nous n?avons pas les mêmes relations avec les autres polices du monde. Etes-vous arrivés à unifier certaines procédures ? Notre plus grande réussite est, bien sûr, d?avoir réussi à asseoir la stratégie arabe de lutte contre le terrorisme. C?est grâce justement aux résolutions des ministres de l?Intérieur arabes, prises en compte par les polices arabes, que cette stratégie a pu être mise à jour. Une stratégie en avance sur ce que les pays européens peuvent proposer. Avez-vous la même vision de la grande criminalité ? Bien sûr, même si elle n?est pas très apparente, nous avons déjà pris des précautions, en tant que pays arabe, pour nous organiser avant que celle-ci ne devienne un phénomène menaçant la sécurité des citoyens. Là aussi, nous pouvons dire que nous sommes en avance. Quels sont, à votre avis, les autres défis auxquels doit faire face désormais la police arabe ? La police arabe commence à ressentir actuellement, comme nous l?avons ressenti par le passé, la nécessité de se rapprocher du citoyen. Dans ce contexte, nous sommes déjà sollicités par les frères arabes pour former des formateurs en matière de police de proximité. Devant les résultats obtenus et les thèses développées, ils sont très intéressés et demandent d?être impliqués dans cette nouvelle politique de sûreté. Au départ, ces pays voulaient s?impliquer sans avoir pour cela ni l?expérience ni la volonté politique, mais depuis deux années environ, on sent que ça commence à bouger chez eux. Et ils nous demandent de les piloter sur le plan technique, d?organiser ce qu?on appelle la police de proximité. C?est cela, en fin de compte, le challenge auquel fait face la police arabe? Exactement. On ne peut pas faire quelque chose s?il n?y a pas la participation active et volontaire du citoyen. Que ce soit dans le développement économique, dans le volet sécuritaire ou dans n?importe quel autre secteur. C?est une nouvelle donne internationale, il faut en tenir compte. Et ceux qui n?en tiennent pas compte vont droit à l?échec. C?est au citoyen désormais d?aider la police pour que celle-ci puisse assurer sa sécurité. Justement, Monsieur Tounsi, vous avez mis en place des unités de police de proximité (Cmag), sans qu?il y ait en contrepartie une baisse de la criminalité, qu?en pensez-vous ? Bien au contraire, nous venons d?avoir les statistiques. Par exemple, je vous dirai que rien qu?à Alger, il y a eu une baisse de 22% de la criminalité par rapport à l?an dernier. Les statistiques sont donc là pour le prouver. La Sûreté de la wilaya d?Alger va d?ailleurs bientôt organiser une conférence de presse pour donner ces chiffres. Je peux vous dire tout de suite que les auteurs des 31 crimes de sang à Alger, qui ont eu lieu au courant de l?année 2003, ont tous été appréhendés et traduits devant la justice. C?est un record que peu de pays peuvent se targuer de réaliser. L?organisation internationale Interpol veut d?ailleurs citer l?Algérie comme exemple. Un dernier mot? Oui, je profite de cette occasion pour féliciter tous les hommes qui sont sur le terrain.