Opération Equipés d?un bulldozer et de matériels de construction, les agents de l?APC de Rouiba procèdent à la destruction des habitations illicites du bidonville dénommé Swachet. Une dizaine de maisons ont, jusque-là, été démolies par l?engin communal. Les habitants en colère regardent leurs habitations tomber l?une après l?autre. Ne sachant à quel saint se vouer, les propriétaires ont tenté de constituer un rempart pour immobiliser le bulldozer. Une famille est regroupée autour de ses objets après la destruction de sa baraque. En quelques minutes, les murs sont un amas de ruines. Les autorités communales de Rouiba ont commencé l?opération de destruction de ce bidonville sans préavis. «On ne peut prévenir des résidents hors la loi», a déclaré le président de l?APC de Rouiba. «Cet endroit est la source de toutes sortes de maladies à cause de la pollution créée par ses résidents qui vivent dans ce lieu non aménagé, situé au bord de l?oued d?El-Hamiz», a-t-il encore ajouté. Les résidents, venus en masse pour tenter de résister, reculent devant un renfort de la Gendarmerie nationale dépêché sur les lieux pour encadrer cette opération qui entre «dans le cadre de l?élimination des constructions illicites», a affirmé M. Kouidri, président de l?APC de Rouiba. Les habitants de Swachet l?entourent en essayant de le convaincre de revenir sur sa décision. «SVP, vous avez affaire à des êtres humains, nous n?avons pas où aller !», crie un citoyen. Cependant, le président de l?APC semble décidé à aller jusqu?au bout de sa logique. Il appelle les gendarmes en renfort pour obliger les habitants à déménager dans l?immédiat et permettre à l?engin communal de mettre à terre leurs baraques de parpaing et de tôle. Impuissants devant la machine de destruction, les citoyens n?ont trouvé d?autre recours que la presse pour faire entendre leur voix. «Ces agissements me rappellent la politique de la terre brûlée des Français qui ont incendié notre village sans raison», a déclaré l?un d?eux avec amertume. Un autre affirme qu?il réside dans ce quartier depuis douze ans et que la majorité de la population est là depuis fort longtemps. «Les déclarations du président de l?APC selon lesquelles la plupart des familles se sont installées récemment ne sont pas fondées.» Concernant la dégradation dudit lieu présenté comme motif par le président de l?APC, les citoyens rappellent : «Cet endroit était auparavant un dépotoir même à l?époque du premier mandat de ce maire dans les années 1980, et personne n?a parlé du fameux problème de pollution. C?est juste un argument pour s?approprier le terrain à des fins personnelles.» Interrogé, le président de l?APC de Rouiba M. Kouidri a répondu qu?il avait pris la décision de démolir le bidonville «après une plainte du service de l?environnement, ainsi qu?une pétition des ??habitants légaux?? qui se plaignent d?une dégradation terrible à proximité de leur village». En outre, cet endroit «devrait abriter deux projets d?envergure, en l?occurrence un cimetière et un stade. Pour nous, l?endroit est squatté, nous réagissons par la force de la loi», a ajouté le premier responsable de l?APC. Enfin, M. Kouidri a accepté d?accorder un délai d?une semaine aux résidents pour quitter les lieux.