Dommage - Les atouts touristiques indéniables du Grand Sahara risquent d'être sérieusement atteints par l'exploitation du gaz de schiste. Les grands gisements du gaz de schiste en Algérie sont situés dans les régions du Sud, selon plusieurs études spécialisées. Cette région demeure ainsi le seul «pourvoyeur» de source d'énergie et qui serait, encore une fois «forée» pour l'exploitation du gaz de schiste, avec toutes les menaces que cela peut provoquer sur notamment les ressources hydriques. Les bassins de cette ressource non conventionnelle ont été détectés à Timimoun, Tindouf, Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames et Reggane, selon les estimations du dernier rapport mondial du Département américain de l'énergie (DOE). L'Algérie occupe la troisième position en termes de potentiel des réserves en gaz de schiste, derrière la Chine et l'Argentine, avec des réserves estimées à 19 800 milliards de m3, ajoute le même rapport. Les appréhensions des habitants de ces localités ont été accentuées suite à la médiatisation de cette étude et, d'autre part, en l'absence d'assurances «convaincantes» de la part du gouvernement. Des localités qui constituent actuellement la première attraction du pays risquent d'être transformées en des chantiers d'exploitation de la nouvelle énergie convoitée par les hautes autorités du pays. «Nous ne voulons pas d'un tel investissement ! Nous voulons juste vivre en paix. Au lieu de prendre des initiatives sérieuses pour valoriser l'activité touristique, le gouvernement veut encore soumettre notre région à des essais dangereux», réagit Moulay Hadji, habitant à Timimoun. «Le Sud doit ces-ser d'être un terrain d'expérimentation, car ses habitants méritent et ont droit à une vie tranquille et décente», ajoute-t-il, précisant qu'une campagne de sensibilisation est menée actuellement pour «faire barrage à ce projet destructeur». Une protestation d'envergure a été organisée, le 3 juin, dans la ville d'Adrar, par plusieurs dizaines de jeunes pour exprimer, aussi, leur rejet de cette nouvelle orientation énergétique du gouvernement. «Nous ne voulons pas subir d'autres expériences semblables aux essais nucléaires, dont les séquelles sont toujours vivaces dans cette région. Le Sud n'est-il bon que pour les forages ?», s'indigne Omar Hammad, un des organisateurs de cette manifestation. Sur les réseaux sociaux, notamment facebook, la protestation contre cette option bat son plein. Des internautes des quatre coins du pays dénoncent cette «entreprise très polluante et très dangereuse pour l'environnement et l'avenir des générations». Le projet est même qualifié de «cadeau offert par les autorités aux sociétés multinationales», qui ne se soucient que du gain matériel. Une carte montrant les gisements potentiels du gaz de schiste est également affichée sur ces pages électroniques, avec les noms des multinationales qui auraient à exploiter cette énergie. Les appels à la préservation des régions touristiques du sud du pays s'accentuent également, et les protestataires font état de leur détermination à «tout faire» pour «faire barrage» à cette exploitation. C'est dire que la récente décision du gouvernement n'est nullement du goût des citoyens. Mais sera-t-elle menée jusqu'au bout ? A.H.