Une décision irrévocable ? Réaction n La nouvelle tendance énergétique ne fait pas l'unanimité au sein des spécialistes et des simples citoyens. Après moult tergiversations, les autorités algériennes ont pris la décision d'aller vers l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste, comme «un choix stratégique pour garantir la sécurité énergétique». Et c'est le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a instruit le gouvernement, lors du Conseil des ministres tenu le 21 mai dernier, pour entamer les démarches et mettre en œuvre cette nouvelle orientation économique. Le chef de l'Etat a également, selon le communiqué du Conseil des ministres, instruit le gouvernement pour «veiller à ce que la prospection, et plus tard l'exploitation, des hydrocarbures schisteux soient menées en permanence avec le souci de préserver les ressources hydriques et de protéger l'environnement». Voilà donc que se concrétise un projet qui a suscité, rappelons-le, beaucoup de débats, polémiques et même des réactions hostiles de plusieurs spécialistes ces dernières années. Pourtant, il y a une année et demi, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait indiqué, quelques semaines après sa prise de fonction, que l'exploitation de cette énergie fossile ne pouvait intervenir «avant 2040». L'hésitation a donc disparu et place, maintenant, à la concrétisation graduelle de cette nouvelle stratégie énergétique, à haut risque sur l'environnement et qui a, il faut le dire, prouvé ses limites dans certains pays occidentaux. D'ailleurs, l'allusion directe faite sur la nécessité de préserver les ressources hydriques et l'environnement reflète clairement les craintes des hautes autorités du pays quant à une telle entreprise, qui semble, du reste, être porteuse de réelles menaces sur les écosystèmes, selon les spécialistes. Quelques jours plus tard, le Premier ministre a tenté d'apaiser les esprits, face à certaines réactions hostiles à ce projet émanant de députés à la Chambre basse du Parlement. «L'exploitation du gaz de schiste doit se faire dans une perspective de long terme et l'Algérie s'attelle à former la ressource humaine nécessaire à l'exploitation de cette source non conventionnelle», a-t-il affirmé le 5 juin dernier. Il a ajouté qu'aucun contrat sur l'exploitation de cette énergie n'a été signé jusque-là et que les contrats concernent essentiellement le volet exploration. Toutefois, ces déclarations «conjoncturelles» ne changent rien, selon les observateurs, à la détermination du gouvernement à exploiter ce gaz de schiste. La nouvelle orientation s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la loi sur les hydrocarbures de 2013, qui comporte plusieurs dispositions sur les hydrocarbures non conventionnels. L'annonce du Conseil des ministres a fait réagir même de simples citoyens qui n'ont pas tardé à organiser des actions de protestation, comme ce fut le cas à Adrar, où les habitants ont exprimer le refus catégorique quant à d'éventuelles explorations dans cette région considérée comme l'un des gisements majeurs en gaz de schiste. Ce rejet, aussi bien de la part de citoyens que de spécialistes avisés, va-t-il pousser le gouvernement à faire marche arrière ? Le souci environnemental va-t-il prévaloir sur l'aspect économique ?.... Anis Hani