Aveu n Le suspect, Sayfullo Saipov, arrivé aux Etats-Unis en 2010, «planifiait cela depuis des semaines», a déclaré John Miller, adjoint du chef de la police new-yorkaise en charge de la lutte contre le terrorisme, lors d'une conférence de presse avec le maire de la ville et le gouverneur de l'Etat. «Il l'a fait au nom de l'EI» et «des notes manuscrites en arabe» mentionnant l'EI, dont il semble «avoir suivi» les instructions, ont été retrouvées sur les lieux de l'attaque, dans le sud-ouest de Manhattan, a précisé M. Miller. Inspiré par de nombreuses images de propagande de l'EI retrouvées dans ses deux téléphones portables, il préparait son action «depuis un an environ» et s'était décidé pour une attaque au camion-bélier il y a deux mois, indique la plainte du procureur. Il a précisé avoir choisi le jour d'Halloween «pour être sûr qu'il y aurait beaucoup de gens dans les rues», ajoute la plainte. Après sa virée, il a crié «Allah Akbar» («Dieu est le plus grand», en arabe) en sortant de son véhicule. Saipov a aussi reconnu être l'auteur des écrits en arabe mentionnant l'EI retrouvés à proximité du camion par les enquêteurs. Si le parquet a souligné que l'enquête était encore loin d'être terminée, tous ces éléments ont permis d'inculper rapidement Saipov. Il est déjà cité pour deux chefs d'inculpation fédérale : «violence et destruction de véhicules» et «soutien à une organisation terroriste étrangère», qui l'exposent à la prison à perpétuité. Le procureur de Manhattan, Joon Kim, a même évoqué une procédure qui permettrait de requérir la peine de mort. Transporté en chaise roulante au tribunal, les deux chefs d'accusation lui ont été signifiés mercredi soir. Il a ensuite été incarcéré dans une prison new-yorkaise, selon le bureau du procureur. La police fédérale a, par ailleurs, annoncé mercredi soir avoir retrouvé un autre Ouzbek, Mukhammadzoir Kadirov, 32 ans, pour lequel elle avait émis un avis de recherche dans l'enquête sur l'attaque. Les policiers ont reconstitué précisément l'itinéraire de ce résident de Paterson, à 60 km de New York dans le New Jersey, marié et père de plusieurs enfants. La chronologie fournie mercredi par la police montre que sa virée meurtrière, sur une promenade très fréquentée du sud-ouest de Manhattan, en pleine fête d'Halloween, a été ultra-rapide: il a loué la camionnette-bélier dans le New Jersey juste après 14h, ralliant rapidement Manhattan avant de foncer autour de 15h sur la promenade qui longe l'Hudson River. Après quelques minutes, il entrait en collision avec le bus scolaire et a été rapidement appréhendé par les policiers. S'il était connu pour des infractions au code de la route, Sayfullo Saipov n'avait jusqu'ici «jamais fait l'objet d'une enquête» du FBI ou des services antiterroristes de la police, a indiqué M. Miller. Saipov, 29 ans, dont plusieurs médias ont rapporté qu'il fréquentait régulièrement la mosquée de Paterson, «s'est radicalisé» aux Etats-Unis, a souligné le gouverneur démocrate de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, en le qualifiant de «lâche perverti». Les mesures de sécurité ont néanmoins été considérablement renforcées, avec une police plus visible que d'habitude dans cette ville pourtant déjà très surveillée. R. I./Agences l L'attentat a fait 8 morts et 12 blessés. Sur les huit personnes qui ont péri, six étaient des étrangers - cinq Argentins et un Belge - et deux des Américains. Le président américain, Donald Trump, a réclamé la fin d'un programme d'octroi de visas par loterie dont le djihadiste aurait bénéficié. «Je lance aujourd'hui le processus d'interruption du Programme de loterie de visas de diversité», a déclaré le président américain. Il a évoqué la possibilité d'envoyer le suspect à Guantanamo, la prison pour djihadistes présumés à la sinistre réputation, que le président Barack Obama avait échoué à fermer. Il a par ailleurs appelé à renforcer les contrôles des personnes souhaitant entrer aux Etats-Unis, invoquant la nécessité d'empêcher «l'EI de revenir ou d'entrer dans notre pays». Il a aussi réclamé la «peine de mort» pour Sayfullo Saipov.Selon la plainte déposée par le parquet fédéral après des interrogatoires à l'hôpital, où Saipov avait été transporté après avoir été blessé lors de son arrestation, l'homme n'a montré aucun regret après sa virée mortelle, se disant «satisfait» de ce qu'il a fait. Il a même demandé à pouvoir déployer le drapeau noir de l'EI dans sa chambre d'hôpital, selon les enquêteurs. Une attitude qui a visiblement déclenché la fureur du président américain. «Le terroriste de NYC (pour New York City, ndlr) était satisfait et a demandé que le drapeau de l'EI soit accroché dans sa chambre d'hôpital. Il a tué 8 personnes et en a grièvement blessé 12. IL devrait être comdamné à mort !» a écrit Donald Trump sur Twitter.