Qui parmi nous n?a pas en tête au moins un conte algérien ? Et qui d?entre nous n?a pas le souvenir d?un parent en train de lui raconter une histoire ? Loundja bent el-hhoul, Lagraâ boukricha ou encore Thafunast Igoujilen pour ne citer que celles-ci sont des histoires fantastiques qu?on nous narrait pendant les nuits d?hiver ou d?été. Et qu?elles aient été racontées en campagne ou en ville, à la lueur pâle d?une bougie ou à celle d?une lumière tamisée, rien que le décor demeure en soi, un doux souvenir qui restera à jamais gravé dans nos mémoires. Le conteur, en racontant son histoire, en langue dialectale, s?exécute avec emphase et, bien souvent, accompagne son récit d?une gestuelle propre à sa région, si bien que le conte, où entre cette mise en scène, peut être considéré comme un prélude au théâtre populaire. En effet, le narrateur, pris dans ce décor improvisé, sait captiver son auditoire et cristalliser la catharsis. En somme, c?est un véritable spectacle que fera naître ce «raoui» chez tout un chacun qui, grand ou petit, l?écoutera et le vivra différemment. Ainsi, pendant que l?enfant se laissera accaparer par le fantastique de cette histoire, l?adulte, lui, appréciera la moralité du récit dite sous forme de métaphores. Et, de cette façon, l?on devinera aussi que le conte, en plus de capter son auditoire, réussit à réunir autour du conteur, tous les membres de la famille. En ce sens, le conte peut être perçu comme un élément réunificateur des membres de la famille et permet, par là même, de mettre en exergue le rang et le rôle de chacun en fonction de la place qu?il occupera lors de la narration.