Résumé de la 49e partie n Après une brève discussion avec le policier, Neeve traverse le parc pour rejoindre son domicile. Une curieuse sensation d'angoisse la saisit. Kitty Conway s'était inscrite au manège d'équitation du parc Morrison pour une seule raison. Elle avait besoin d'occuper son temps. C'était une jolie femme de cinquante-huit ans, avec de beaux cheveux d'un blond vénitien et des yeux gris que mettait en valeur un éventail de fines rides aux coins des paupières. Il était une époque où une lueur semblait toujours y danser, amusée et malicieuse. Le jour de ses cinquante ans, Kitty s'était exclamée devant Michael : «Comment se fait-il que j'aie toujours l'impression d'avoir vingt-deux ans ? — Parce que tu as vingt-deux ans.» Michael avait disparu depuis près de trois ans. Comme elle enfourchait avec précaution sa jument alezane, Kitty songea à toutes les activités dans lesquelles elle s'était lancée durant ces trois années. Elle avait aujourd'hui une licence d'agent immobilier et était une vendeuse sans pareille. Elle avait redécoré la maison à Ridgewood, dans le New Jersey, qu'elle et Michael avaient achetée à peine un an avant qu'elle ne se retrouve seule. Elle donnait des cours bénévoles d'alphabétisation, apportait sa collaboration un jour par semaine au musée. Elle avait fait deux voyages au Japon, où était basé Mike Junior, son unique enfant, officier de carrière, et profité de ses journées passées avec sa belle-fille à moitié japonaise. Elle avait aussi repris sans enthousiasme ses leçons de piano. Deux fois par semaine, elle conduisait des malades handicapés à la consultation médicale, et sa dernière activité était maintenant l'équitation. Mais elle avait beau dépenser son énergie, jouir d'un grand nombre d'amis, elle restait toujours hantée par le même sentiment de solitude. Même aujourd'hui, alors qu'elle rejoignait bravement la douzaine des autres apprentis cavaliers derrière l'instructeur, elle n'éprouvait qu'une profonde tristesse à observer le voile de vapeur qui enveloppait les arbres, ce halo roux qui était une promesse de printemps. «Oh Michael, murmura-t-elle, je voudrais tant que ça aille mieux. Je fais tout mon possible.» «Comment vous en tirez-vous, Kitty ? hurla à tue-tête l'instructeur. — Bien, cria-t-elle. — Si vous voulez monter un jour correctement, raccourcissez les rênes. Montrez-lui que c'est vous le patron. Et gardez les talons baissés. — D'accord.» Allez au diable, pensa Kitty. Cette bourrique est la pire du lot. Je devais monter Charley, mais bien entendu, vous l'avez donné à la nouvelle avec ses airs de pin-up. Il y avait une montée au bout de la piste cavalière. Le cheval de Kitty s'arrêta pour brouter chaque brin d'herbe qui poussait sous ses sabots. Un par un, les autres la dépassèrent. Elle n'avait pas envie de se retrouver seule. «Avance, espèce d'âne», murmura-t-elle. Elle piqua des talons dans les flancs de l'animal. La jument releva brusquement la tête et se cabra. Affolée, Kitty tira sur les rênes de sa monture qui fit un écart et vira dans un chemin latéral. Kitty se souvint fébrilement qu'il ne fallait pas se pencher en avant. (à suivre...)