Parcours La tragédie, la douleur et l?exclusion ont fait d?elle une romancière, une femme poète rebelle et une journaliste indomptable. Taslima Nesreene est née au Bangladesh en 1962. Très jeune, elle s?est opposée au «cercle rouge des interdits» infligé aux femmes au nom de l?islam et des traditions. Dès l?âge de 14 ans, elle écrit ses premiers vers, des poèmes qui seront publiés dans une revue éditée par son frère et quelques amis. Sa formation de médecin gynécologue, quelques années plus tard, lui permet de se déplacer dans plusieurs contrées et villages de son pays, de voir et de vivre de près les conditions précaires de la vie des femmes. Dès qu?elle dispose d?un moment pendant les longs trajets qui la mènent à ces bourgs, en tant qu?apprentie gynécologue, ou entre deux opérations au Dakka Medical College Hospital, Nesreene s?empare de son carnet et note ses impressions du moment, ses terribles et profondes rencontres avec la réalité des femmes. De ses écrits primesautiers, naissent des billets, des textes politiques, des nouvelles et des romans et encore des poèmes qui seront publiés dans différents journaux. Insoumise, elle a conspué l?oppression et l?injustice que les femmes du Bangladesh subissent en silence, une position courageuse qui la projette sur la scène littéraire dans son pays et en Inde, où elle reçoit de nombreux prix dont, en 1991, le prestigieux Ananda Award de Calcutta pour Narbochita Kalam, alors qu?aucun auteur du Pakistan oriental ou du Bangladesh n?avait été primé depuis 1958. Plusieurs textes de ce recueil ont été publiés sous le titre : Femmes, manifestez vous, en 1994. Sa célébrité lui permet d?abandonner ensuite le scalpel pour se consacrer à l?écriture, à la poésie et à la révolte contre toutes les formes d?injustice. Les fondamentalistes ne supportant plus cette opposition féminine brûlent ses livres en public et émettent des fatwas contre elle. La parution de Lajja (La honte) en 1993, un roman-document qui dénonce le déferlement de violence exercée par les musulmans fondamentalistes du Bangladesh contre leurs concitoyens hindous soulève un autre tollé. Outrepassé par les critiques que Nesreene lui porte, le gouvernement interdit sa diffusion alors que les fondamentalistes exigent sa mise à mort par pendaison pour avoir osé, dans ce livre, dénoncer le sort réservé aux femmes par la religion. En 1994, elle fait l?objet d?un mandat d?arrêt lancé contre elle par les autorités pour «atteintes aux sentiments religieux». Elle plonge alors dans la clandestinité, avant de quitter son pays, après de rudes négociations avec le gouvernement et plusieurs pays. Depuis 1994, Taslima Nesreene vit en Suède.