La population la plus aisée en Algérie s'est accaparée 40% des dépenses annuelles des ménages algériens, soit une dépense de 7,4 fois supérieure à celle de la population la plus défavorisée, durant la dernière décennie, selon les résultats d'une enquête réalisée par l'Office national des statistiques (ONS). L'enquête décennale a montré une disparité dans les dépenses de consommation des ménages entre les différentes catégories de la population durant la période allant de 2000 à 2011. En effet, la catégorie la plus aisée de la société algérienne, soit 20% de la population, s'est accaparée 40% des dépenses annuelles des ménages algériens, alors que les 80% restants de la population et qui regroupent différentes catégories, n'ont absorbé que 60% du total annuel, a indiqué à l'APS le directeur technique chargé des statistiques sociales et des revenus à l'ONS, Youcef Bazizi. Pour avoir «une meilleure appréciation des disparités dans la dépense de consommation des ménages entre différentes catégories, des déciles de population ont été construits en utilisant la dépense annuelle moyenne par tête», a-t-il précisé. Pour rappel, l'ONS avait, en fin de semaine dernière, fait état d'une augmentation notable des dépenses globales des ménages algériens. L'enquête de l'ONS mettait en évidence le fait que ces dépenses ont presque triplé au cours de ces dernières années. Elles sont ainsi passées de plus de 1 500 milliards de dinars en 2000 à près de 4 490 mds de dinars en 2011. La dépense moyenne mensuelle est de 59 700 DA par ménage, dont 25 000 DA destinés aux dépenses alimentaires. Cette enquête décennale sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages réalisée par l'ONS a porté sur un échantillon de 12 150 ménages ordinaires. Elle montre que la dépense globale annuelle des ménages algériens a presque triplé (2,9) durant la dernière décennie au niveau national, enregistrant un coefficient légèrement inférieur dans le milieu rural (2,4) contre (3,2) en milieu urbain où les dépenses totales annuelles des ménages sont passées de 995,6 milliards de dinars en 2000 à 3 194,4 milliards de dinars en 2011. Elles ont augmenté de 6,1 points, passant de 65% à plus de 71%. Selon M. Bazizi, qui a supervisé cette enquête, «cette amélioration est la résultante d'une urbanisation croissante de la population durant cette dernière décennie». Ces mêmes dépenses sont passées de 535,8 milliards de dinars en 2000 à 1 295,4 milliards de dinars en 2011, dans le milieu rural, soit une hausse de près de 29%. Les dépenses alimentaires annuelles occupent 42% représentant 1 875,6 milliards de dinars malgré une baisse de 2,8 points en 2011 par rapport à 2000, avec 46% des revenus annuels du ménage (594,3 milliards de dinars) dans le rural et 40% du budget annuel du ménage (1 281,1 milliards de dinars) dans le milieu urbain. M. Bazizi commente cette situation en se référent à la loi d'Ernest Engel (statisticien allemand) : «Plus la part alimentaire dans le budget est élevée plus le ménage est pauvre et l'inverse est vrai.» Il poursuit que d'après cette loi, «la part du revenu allouée aux dépenses alimentaires est d'autant plus faible que le revenu est élevé, même si la proportion d'une catégorie de biens est réputée décroissante dans un budget de consommation donné, cela n'empêche pas que le revenu augmente, la dépense allouée à l'alimentation exprimée en valeur augmente également». Cette enquête a été menée sur une période d'une année et a concerné 900 produits que compte la nomenclature des biens et services. K. B./APS