Le projet de loi de l'audiovisuel est actuellement en débat à l'APN. Ce projet censé permettre l'ouverture du champ audiovisuel annonce d'emblée la couleur : des verrous innombrables, des balises et des autorisations. S'il faut certes mettre un terme à l'anarchie qui règne actuellement dans ce secteur avec le lancement d'une multitude de chaînes TV qui émettent à partir de l'étranger, il ne faut cependant pas aussi faire une pseudo ouverture du champ audiovisuel qui ne rimerait, en fin de compte, qu'à une régression. Depuis déjà des mois pour ne pas dire plus d'une année, des chaînes algériennes juridiquement «étrangères», ont été créées à l'instar de Dzair TV,Djurdjura TV, Atlas TV, Alasr TV, Ennahar TV... En l'absence d'un texte législatif réglementant ce nouveau paysage audiovisuel, ces chaînes privées sont juridiquement domiciliées à l'étranger, détenues par des Algériens et basées sur le sol national. Elles bénéficient d'accréditations en tant que médias étrangers. Celles qui bénéficient d'un bureau de représentation en Algérie comme Echourouk et Ennahar TV ont le droit d'être informées de l'agenda officiel, de traiter avec des banques et des annonceurs. L'émergence de ces chaînes constitue une vraie révolution mettant fin au monopole de l'Entv. D'ailleurs l'engouement populaire pour ces nouvelles chaînes est évident. Le téléspectateur algérien a déjà l'impression d'avoir plus de liberté grâce à ces chaînes qui donnent la parole aux opposants, qui apportent une diversité qui manquait jusque-là au paysage médiatique. Mais actuellement, les émissions diffusées par ces nouvelles chaînes semblent se ressembler. Chacune des nouvelles télévisions cherche à ouvrir au maximum son microphone pour donner le plus grand effet de liberté d'expression quelquefois au détriment même de l'information. Il faut dire qu'en l'absence de règles d'éthique et de déontologie, le contenu de ces nouvelles chaînes de télévision échappe aux exigences élémentaires d'un service audiovisuel de qualité. Certes l'ouverture médiatique audiovisuelle n'est pas encore officiellement née mais le lancement «offshore» des nouvelles chaînes privées algériennes a déjà permis de constater que ces dernières ont du pain sur la planche en ce qui concerne la diversification des programmes et la formation du personnel mais surtout le professionnalisme aussi bien journalistique que technique. Car Alger n'est pas l'Algérie et animer un débat politique n'est pas à la portée du premier venu. En fait, avec la loi sur l'audiovisuel qui autorise, selon les déclarations du ministre de la Communication, des chaînes aussi bien généralistes que thématiques, celles qui opteront pour la thématisation, la tâche sera encore plus pénible. Car, pour créer une chaîne thématique digne du thème choisi (animaux, culture, sport...), il faut trouver les personnes qui puissent assurer en continu une quantité de productions qualitatives. Malheureusement, il faut le dire, l'Algérie manque de capacités en ce domaine. Il faudra donc former, c'est là le seul moyen d'éviter de tomber dans la médiocrité. H. Y.