Depuis bientôt huit années, l'association pour la promotion de la lecture enfantine, Le Petit Lecteur, met un point d'honneur à organiser, chaque mois de mars, le Festival du conte pour préserver cet art qui participe à la sauvegarde de la mémoire collective par la transmission et l'enrichissement du patrimoine immatériel oral. Un «entêtement» salutaire pour la région ouest du pays, puisque l'association oranaise est la seule qui ait réussi à maintenir un rendez-vous de dimension internationale pour cet art alors que plus personne ne s'en préoccupait plus et que les autorités locales avaient abandonné, comme elles s'étaient détournées de la chose culturelle, de manière générale. Après un démarrage quelque peu laborieux, Le Petit Lecteur a réussi à faire des émules dans le mouvement associatif et, depuis quelques années, d'autres associations à caractère culturel, comme Bel-Horizon ou encore Santé Sidi El Houari, prennent part à l'événement annuel. De même que des organismes culturels, tels que le Théâtre Abdelkader-Alloula ou les instituts Français et Cervantès, se sont laissés séduire par la dynamique et participent de manière active à la préservation du conte. Pendant quatre jours de chaque printemps donc, l'association met en présence le public et des conteurs, parfois venus des quatre coins d'Afrique et de certains pays de la Méditerranée, pour des séances de conte mais aussi des conférences et des sessions de formation à l'art de la transmission du patrimoine populaire oral. On peut imaginer que le public est composé des seuls nostalgiques, il n'en est rien puisqu'on y retrouve aussi bien des enfants que des adolescents et des personnes âgées, issus de toutes les couches de la société, également sous le charme des conteurs. L'année dernière, sous la thématique «50 ans d'indépendance, une histoire à partager», Le Petit Lecteur avait réussi le difficile pari de réunir une pléiade d'orateurs nationaux et étrangers, notamment du Congo, du Burkina Faso, du Liban, de France et d'Espagne. Pendant toute la manifestation - quatre jours, ponctués par la désormais incontournable nuit des contes- ces conteurs sont allés à la rencontre des écoliers dans les établissements scolaires, ont animé une balade du conte dans les Jardins Ibn Badis (anciennement de Létang) et un récital de contes aux Bains Turcs, site archéologique très connu du quartier de Sidi El Houari. On ne sait quel programme est en élaboration pour le huitième Festival du conte, mais d'ores et déjà les habitués trépignent d'impatience à l'idée de retrouver ces conteurs venus d'un autre monde faire revivre les héros légendaires des Mille et Une nuits ou raconter les péripéties de l'espiègle Djoha, dont nous rappelons qu'en 2010 un recueil de contes autour du personnage était en cours d'élaboration dans le cadre d'un programme culturel international associant des enfants algériens des deux rives de la Méditerranée. S. O. A.