Constater que les Fennecs de Vahid Halilhodzic ont réalisé un match héroïque, c'est défoncer une porte béante. Mais ce fut une rencontre exceptionnelle. Une prestation presque parfaite. Qualificatifs et superlatifs ne manqueraient pas à ce sujet. Sur le terrain de la symbolique, la victoire «historique» contre la Corée du Sud permet de «tuer» enfin la «légende de Gijon» que fut la victoire contre la RFA en 1982. Un triomphe sous forme de première victoire d'une équipe africaine et arabe contre une grande puissance du football. Depuis, les Algériens n'ont jamais cessé de construire des châteaux en Espagne et de rêver à des lendemains footballistiques qui chantent «Qassaman». Mais, à chaque fois, il y avait loin de la coupe mondialiste aux lèvres algériennes. En effet, depuis le coup franc marqué par Djamel Zidane contre l'Irlande du Nord à Guadalajara, le 3 juin 1986, les Verts n'avaient plus inscrit le moindre but en phases finales de Coupe du Monde. Avec Halilhodzic, c'est désormais chose faite avec le penalty contre la Belgique. Sous la férule du Bosniaque, la sélection nationale, autre record, est devenue la première équipe africaine et arabe à marquer quatre buts lors d'un Mondial. Une équipe est finalement née au Stade Beira-Rio de Porto Alegre, quel que soit la suite des événements. Sur le gazon, on a vu une équipe qui a une âme et une identité de jeu fondée sur la recherche de la profondeur, le jeu dans les intervalles, les dédoublements, le mouvement, la percussion et les décalages. Sans oublier quelque chose qui n'est pas propre à la culture algérienne, l'efficacité. Elle sait profiter aussi de ses temps forts en marquant des buts comme contre les Diables Rouges et les Guerriers de Taeguk. Mais comme chaque belle médaille a un revers moins reluisant que son avers, cette équipe a des faiblesses évidentes. Elle ne tient pas le rythme durant 90 minutes et présente des failles récurrentes en défense. On l'a bien vu contre la Belgique quand elle a craqué à la 70e minute. Contre la Corée du Sud également, en seconde mi-temps. Période où elle a vécu 20 minutes de stress continu et encaissé deux buts qu'une sélection plus expérimentée aurait probablement évités. Cette équipe ne sait manifestement pas gérer ses temps faibles et ses temps de moins bien. Ça saute aux yeux ! Ceci dit, Halilhodzic ne pouvait pas, vu le temps imparti depuis sa nomination il y a trois ans, rendre une copie parfaite. Et de présenter une équipe solide dans tous ses compartiments. Son plus grand mérite aura été cependant d'être parti de presque zéro, d'avoir tout fait et tout refait. Il a réussi à trouver une équipe, avec un véritable projet de jeu fondé sur les profils physiques et techniques des joueurs retenus. Mieux, cet ancien buteur racé du FC Nantes et du PSG, qui a marqué 338 buts durant sa carrière de joueur, dispose désormais de presque deux équipes interchangeables. C'est cette profondeur du banc qui lui a permis de se payer le luxe de procéder à cinq changements qualitatifs pour le match contre la Corée du Sud. C'est évident, on ne prête qu'aux riches ! Moralité de l'histoire, il faut donc laisser coach Vahid poursuivre son travail quels que soient les résultats finaux obtenus au Brésil. Surtout si nos Fennecs parvenaient à se qualifier pour les huitièmes de finale ou même mieux si possible, ce qui serait tout simplement historique. Lui permettre de travailler dans la continuité et sur la durée. Surtout, abandonner cette lubie, cette extravagante connerie qui consisterait à le remplacer par un entraîneur sans palmarès, sans titre prestigieux et sans gloire sportive. Le successeur plus que présomptif, est un entraîneur médiatique qui plait aux journalistes français séduits par ce matheux qui, croient-ils, fonde ses schémas de jeu sur des équations ! Mais la réalité des terrains est têtue : le plus grand titre de gloire de Christian Gourcuff, champion des divisions 3 et 4 en France, est la Coupe Gambardella en 1973 avec le FC Lorient. Il est vrai que ce Breton a pour soutien de poids un Breton comme lui. Un certain Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense. Et il est tout aussi réel que ce franc-maçon de haut niveau dans la hiérarchie du GODF, natif de Lorient, a joué les lobbyistes de choc pour Gourcuff. Lors de sa dernière visite à Alger, il a vaillamment plaidé sa cause auprès de certains interlocuteurs algériens. Décidément, cette alliance fraternelle entre Gourcuff le prof de maths et le «frère de lumières» Le Drian, est placée sous le signe du compas et de la lettre «G». Chez les francs-maçons, la lettre G est le symbole de la sagesse et du discernement, ainsi que le Gamma qui dessine une équerre. Elle renvoie notamment à la Gnose ou connaissance et à God, Dieu en anglais. Et, dans le cas de notre sélection nationale de foot, à... Gourcuff. God save Halilhodzic ! N. K.