L'Argentine et les fonds spéculatifs américains, dits fonds «vautours», ne sont parvenus à aucun accord sur le litige qui les oppose à propos de la dette, au terme de deux jours d'intenses tractations à New York sous l'égide du médiateur américain, Daniel Pollack Que signifie le terme «fonds vautours»? Il s'agit d'un fonds d'investissement qui rachète les dettes d'entreprises ou d'Etats en difficulté (...) profitant de prix très bas des titres. Quelques années plus tard, lorsque le pays en question s'est redressé, il exige le remboursement de la valeur faciale initiale des titres, majorée des intérêts. Ces fonds sont souvent critiqués car le fondement de leur stratégie est de parier sur l'échec de l'emprunteur puis de récupérer un maximum d'argent lorsque ce dernier est à terre, ce qui est contraire à la logique ordinaire du prêt, qui est de parier sur le succès de l'emprunteur pour optimiser ses chances d'être remboursé. Néanmoins, ces fonds ont le droit pour eux puisque le fondement de leur action est de simplement demander à se voir rembourser le montant prévu contractuellement sur les titres de créances dont ils sont légalement propriétaires. Les tribunaux donnent ainsi souvent raison aux fonds vautours lorsqu'ils ont à juger un contentieux entre un vautour et un débiteur. Par ailleurs des mécanismes de défense contre ces fonds existent (clause d'immunité d'exécution protégeant de saisies les Etats souverains, clauses d'action collective permettant à la majorité des obligataires de neutraliser les créanciers récalcitrants tels les vautours, systèmes de gouvernance des porteurs d'obligations comme le trust deed empêchant les actions individuelles de créanciers vautours, etc.). Une cinquantaine de «fonds vautours» dans le monde Dans le cas de l'Argentine, deux créanciers, NML Capital et Aurelius Capital Management, ont refusé toute restructuration de la dette du pays. Alors que 93% des porteurs de titres avaient accepté, en 2005 et 2010, de réduire de 70% la valeur de leurs bons du Trésor, les deux «fonds vautours» ont exigé en justice le versement de l'intégralité des sommes dues, soit 1,33 milliard de dollars. La justice américaine leur a donné raison. Selon des experts financiers, le monde compterait une cinquantaine de fonds vautours, implantés aux Etats-Unis, notamment dans le Delaware, ou dans des paradis fiscaux garantissant l'anonymat de leurs actionnaires. Quelle est la stratégie de ces fonds? Lorsqu'un pays est en difficulté financière, le cours des obligations s'effondre. Une restructuration de la dette est inévitable : le gouvernement du pays en difficulté demande à ses créanciers d'accepter une décote de leur créance et un différé de remboursement. La plupart acceptent, mais d'autres cèdent aux sirènes des «fonds vautours». Ces derniers rachètent les titres à prix cassés, mais immédiatement. Après quoi les «fonds vautours», épaulés par des hordes d'analystes financiers et d'avocats, réclament le remboursement de 100% de la créance au pays. Avant l'Argentine, la République démocratique du Congo, le Pérou et la Zambie ont déjà fait les frais, depuis le début des années 2000, de l'appétit de ces fonds. A chaque fois, ces derniers ont obtenu gain de cause. Fonds souverains, une autre puissance financière Depuis quelques années on entend de plus en plus parler des fonds souverains. Ces fonds attirent beaucoup d'attention aujourd'hui car ils détiennent pour plus de 5 trilliards de dollars de capitaux. Du coup le débat autour de ces fonds souverains revient à cette puissance financière qu'ils sont capables de dégager et donc à leur emprise sur l'économie. Qu'est-ce qu'un fonds souverain d'investissement ? Un fonds souverain est un fonds de capitaux contrôlé par un Etat qui investit dans différents capitaux mobiliers et immobiliers. L'argent du fonds vient le plus souvent du surplus du budget d'un Etat. Ainsi chaque année quand un Etat clos son budget et qu'il reste de l'argent il le transfère au fonds souverain pour que celui-ci effectue des investissements au lieu que l'argent aille dans les coffres de la Banque centrale du pays. Ce qui motive la création d'un fonds souverain diffère selon les pays. Les pays producteurs de pétrole par exemple cherchent à compenser l'épuisement des puits de pétrole par des investissements à l'étranger afin de se protéger contre la variation des prix d'une part à court terme, mais également de commencer à réfléchir à des alternatives de croissance pour le pays une fois que leurs réserves de pétrole seront épuisées. Ces fonds souverains sont donc utilisés pour accroître la richesse d'un pays, et donc en faire profiter la population par la suite en rendant le pays plus riche. Un fonds souverain permet ainsi à un pays de diversifier ses entrées d'argent et d'avoir une stratégie d'investissement à long terme. Le premier fonds souverain fut créé en 1953 par le Koweït afin d'investir les surplus des revenus du pétrole. Trois fonds majeurs furent ensuite créés, par Abu Dhabi en 1976, Singapour en 1981 et la Norvège en 1990. Depuis les années 2000, le nombre de fonds souverains a considérablement augmenté, on parle aujourd'hui de plus de 50 fonds souverains qui détiennent collectivement plus de 5 trilliards de dollars. Ces fonds souverains représentent une part de plus en plus importante de l'investissement dans le monde. Leur taille et leur impact potentiel sur l'économie deviennent donc de plus en plus critiques et controversés. Les fonds souverains ont permis durant la crise de 2008 de sauver plusieurs sociétés mais en amenant plusieurs critiques quand à l'investissement étranger de plus en plus présent et contrôlant de plus en plus de très grandes sociétés internationales et ayant pour conséquence un contrôle des politiques. Plusieurs financiers pensent aujourd'hui qu'il faudrait réguler la part qu'un fonds souverain peut investir dans des sociétés. Mais le manque de transparence est tel, qu'aujourd'hui ces fonds souverains sont potentiellement un risque pour la sécurité nationale. Tout ceci poussant à des actes de protectionnisme de la part de certaines sociétés et pays. Les USA ont ainsi voté un texte de loi (Le National security Act en 2007) qui vise à limiter la part d'investissement que les fonds souverains peuvent faire dans des sociétés américaines. Du coup les fonds souverains se sont tournés majoritairement vers l'Europe et les pays émergents. Ces fonds souverains continuent de croître assurant qu'il faudra les prendre en compte dans le futur paysage économique du monde. D'ici 2015, les fonds souverains devraient avoir plus de puissance financière que les USA et en 2016 que l'Europe. Ces fonds souverains auront donc un rôle majeur dans l'architecture de l'économie de demain. B. A.