Les capacités d'accueil des établissements de santé algériens s'accroitront avec la dotation de 90 000 lits d'hôpital supplémentaires à l'horizon 2019, qui s'ajouteront aux 65 000 existants, soit 155 000 lits pour l'ensemble des structures hospitalières, a indiqué, hier, à l'APS, le directeur de l'Agence nationale de gestion des réalisations et d'équipement des établissements de santé (Arees), Lazhar Bounafa. Avec ce taux, l'Algérie se rapprochera des normes internationales, soutient le responsable qui s'exprimait en marge du colloque international sur «les normes, le management et la qualité hospitaliers». Mais ces normes internationales ne portent pas sur le nombre de lits uniquement. Un hôpital c'est d'abord et avant tout la qualité des soins, qui implique évidemment l'accueil et les prestations de services. Ne plus devoir faire jouer ses connaissances pour avoir un lit dans un hôpital, c'est une bonne avancée. Mais on n'a que faire de ce lit s'il y a manque d'équipements, de matériels, de médicaments, d'hygiène, et qu'on plus on est reçu comme un chien dans un jeu de quille.... Ce n'est pas pour rien que les gens se tournent vers le privé, ce n'est pas pour rien que la nourriture des malades vient de l'extérieur, préparée par leurs familles, même la literie. Comment peut-on parler de qualité de soins quand on apprend qu'un chirurgien s'est retrouvé en manque de fil de suture, qu'un urgentiste n'a pas sous la main le matériel nécessaire pour une intervention, que la pharmacie de l'hôpital ne peut fournir tous les médicaments et produits exigés...? Tous ces manques et lacunes relèvent évidement de la gestion de l'établissement dont M. Bounafa dit que c'est un sujet «très sensible» qui requiert l'attention de tout le personnel médical. Une structure hospitalière devrait être gérée comme une entreprise afin d'assurer une qualité de service «meilleure» en faveur du malade, ajoutera-t-il. Hélas, tel n'est pas le cas. La solution ? Pour le responsable qui est convaincu que «nous avons les compétences nécessaires», «un des facteurs les plus déterminants pour assurer une gestion rigoureuse et rationnelle repose sur la ressource humaine, d'où la nécessité d'engager une réflexion pour dégager des propositions pour parvenir à des qualités de soins meilleurs, de manière progressive». Le secrétaire général du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelhak Saïhi, ne partage pas l'avis de M. Bounafa et estime qu'il faudrait s'appuyer, dans un cadre de coopération, sur le savoir-faire de pays ayant de l'expérience dans le domaine de la gestion pour parvenir à offrir une qualité de soins nettement meilleure et confortable aux malades. Plus incisif, il dira que l'Algérie a dépensé bien plus que certains pays sans atteindre les résultats escomptés, auxquels, eux, sont parvenus. «Nos dépenses n'ont pas apporté l'efficacité et l'efficience nécessaires alors que certains pays avec moins de dépenses ont des prestations de santé meilleures», déplore M. Saïhi. Allant dans son sens, le représentant de la haute autorité de santé française, François Meyer, dira que la gestion des hôpitaux était une question d'organisation et de collaboration entre les différents professionnels de santé. «Dans les hôpitaux, on peut avoir d'excellents médecins, mais s'il n'y a pas de coordination d'équipe, il y aura un problème de qualité», argue-t-il. Quant aux perspectives de coopération, le directeur Algérie de l'Agence publique française pour le développement international des entreprises (UBI-France), Georges Regnier, indique qu'il a travaillé à sensibiliser les entreprises françaises afin de les convaincre de contracter des partenariats avec les institutions et les organismes algériens, dans un rapport «gagnant-gagnant». R. C./APS