On dirait que le moustique porteur du chikungunya a piqué les responsables de la Santé et des Sports au Maroc ! Comme pris subitement de panique, les deux ministres ont en effet demandé à la Confédération africaine de football le report de la CAN-2015. La motivation majeure de cette demande aussi insolite que très surprenante ? Le souci, dit-on, d'éviter en janvier les rassemblements auxquels prendraient part les pays fortement éprouvés par le virus qui a déjà fait plus de 4 000 morts. Ces pays sont Le Sierra Léone, la Guinée et Le Libéria, les deux premiers Etats étant concernés par les poules de qualification. La décision des autorités marocaines surprend autant qu'elle déroute. Surpris et étonné par la décision marocaine, le sélectionneur du Congo, le français Claude Leroy, vieux routier du football africain, a l'impression que les Marocains sont allés trop vite en besogne. Comme quelqu'un qui aurait décidé intempestivement d'appliquer le principe de précaution. Le technicien français ne se prive pas de faire observer que sa sélection a joué contre les Green Eagles, à Lagos, alors même qu'un cas de fièvre Ebola avait été enregistré au Nigéria. Pour autant, la Fédération congolaise n'avait pourtant pas demandé de faire jouer le match ailleurs et la CAF n'avait rien trouvé à en redire. Le président de la Fédération sénégalaise, Augustin Senghor, estime quant à lui qu'un report serait regrettable et même dommageable pour le foot africain. La balle est maintenant dans les dix-huit mètres des dirigeants de la CAF qui doivent être bien embarrassés par la patate chaude que les Marocains leur ont refilée. Wait and see donc. Mais franchement, quelle mouche a piqué les pouvoirs publics au Maroc où on n'a pas enregistré jusqu'ici le moindre cas d'Ebola ? Pourtant, en prévision de la CAN, le gouvernement marocain avait prévu un «plan sanitaire» de grande envergure. Et jusqu'à la soudaine demande de report de la compétition continentale, le Maroc avait affiché une solidarité sans faille avec les pays touchés. Il est d'ailleurs le seul pays, via sa compagnie aérienne, à avoir maintenu des liaisons aériennes avec les pays frappés de plein fouet par le filovirus. Mais qu'à cela ne tienne, si la CAF acceptait le report de la CAN, elle créerait un précédent et compliquerait fichtrement le calendrier de la Coupe d'Afrique. Tout comme la vie des sélectionnés dans leurs clubs respectifs. Mais il faudrait bien trouver alors des dates qui arrangeraient la CAF, le pays organisateur, la FIFA et les clubs employeurs des joueurs sélectionnés. Mais au cas où la CAF décidait de retirer la CAN au Maroc, beaucoup de pays se feraient un réel plaisir de l'organiser en janvier même, comme le fait remarquer Claude Le Roy. N. K.