La sélection algérienne de football est constituée exclusivement de joueurs expatriés, évoluant en Europe. La majorité écrasante de ses athlètes ont été formés en France. Les footballeurs locaux sont, il est vrai, en deçà du niveau requis pour porter dignement les couleurs nationales. La sélection algérienne de football est constituée exclusivement de joueurs expatriés, évoluant en Europe. La majorité écrasante de ses athlètes ont été formés en France. Les footballeurs locaux sont, il est vrai, en deçà du niveau requis pour porter dignement les couleurs nationales. C'est un constat amer qui traduit l'abandon de la formation au sein des clubs et, in extenso, la faillite de la politique sportive mise en œuvre dans le pays. Cette réalité n'affecte pas uniquement le sport-roi, mais concerne quasiment toutes les autres disciplines sportives. Les sélections nationales de handball, de volley-ball ou d'athlétisme recourent aussi, de plus en plus, à ce réservoir de la diaspora établie à l'étranger, au lieu de prendre en charge les jeunes talents du cru. Même les clubs ont fini par céder à cette solution de facilité. Les équipes des deux ligues professionnelles de football recrutent à tour de bras des jeunes évoluant dans les divisions inférieures en France. On assiste, impuissant, à la mort du sport algérien. Le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, au cours d'une récente sortie médiatique, a accablé les clubs sur ce sujet. «Aucun club n'a créé d'école de football comme prévu dans la loi sur la professionnalisation !», s'est-il offusqué. Les clubs professionnels, de leur côté, rejettent la balle aux pouvoirs publics, en réclamant les subventions promises pour se doter de centres de formation. «J'appelle les pouvoirs publics à activer le lancement des centres de formation au profit des clubs professionnels au vu du rôle important que jouent ces centres dans le développement du football algérien», ajoute M. Raouraoua, qui réalise que le foot algérien a beaucoup régressé ces dernières années. Mais, cette histoire de centres de formation ne justifie pas, à elle seule, l'abandon des petites et jeunes catégories. Pour preuve, dans les petits clubs amateurs, en dépit de l'extrême restriction des ressources et des moyens, on trouve toujours des éducateurs passionnés qui inculquent les bonnes valeurs à la relève. L'honnêteté, l'éthique, le respect scrupuleux des règles jeu et de l'adversaire ainsi que les bonnes manières sont, en effet, un gage de réussite. Dans les équipes de quartiers, évoluant avec les moyens du bord, on déploie autant de soin dans la préparation des jeunes talents. Mais dès qu'un bon élément émerge, il est vite happé par une formation prétendue professionnelle où il se fera, à son corps défendant, «corrompu». On a, surtout, un grave problème d'éthique financière. L'absence de suivi et de contrôle de la gestion des clubs dits professionnels ont ouvert la voie à toutes sortes d'abus et de trafics qui ont, naturellement, déteint sur le comportement des uns et des autres, dans et en dehors des stades. Tous les Algériens savent, au détail près, les méthodes employées pour siphonner l'argent des subventions publiques et celui des sponsors à travers des contrats de recrutement douteux. Afin de contraindre les sociétés sportives (SSPA) à cette mission fondamentale de la formation, la FAF a mis au point une batterie de nouvelles mesures en prévision de la prochaine saison. L'obligation d'inscrire 7 joueurs du cru au minimum dans l'équipe A, la limitation des prêts à seulement 2 joueurs, et l'autorisation de 3 joueurs étrangers au maximum pour les pensionnaires de la L1 figurent déjà en bonne place dans les règlements de la LFP pour l'exercice 2017/2018. Rappelons que des décisions similaires ont été déjà adoptées, il y a deux ans, mais rares sont les clubs qui s'en sont réellement astreints. Y aura-t-il une commission pour veiller de très près sur tout cela ? A-t-on prévu, cette fois, des sanctions à l'endroit d'éventuels contrevenants ? Que feront les clubs, eux qui ont l'habitude de se «coaliser» pour forcer la main à l'instance nationale de la discipline et même à la tutelle ? Il est clair que la réussite de cette ambitieuse démarche en faveur de la formation reste, donc, tributaire de la capacité de l'instance nationale du jeu à onze à imposer ses règles. Etant donnée l'importance de la question et l'urgence de la situation, la FAF doit, cette fois, se montrer intransigeante. Aucune concession ne doit être faite, car il va de l'avenir immédiat du football national. En somme, on ne doit pas crier victoire. Attendons pour juger sur pièce. Les autres fédérations doivent également faire de même et insister sur la formation. Les pouvoirs publics et les sponsors doivent aussi conditionner l'octroi d'aides et de subventions à cette question fondamentale de la formation, avec un suivi minutieux de l'usage de leurs fonds sur le terrain. Il faut, coûte que coûte, forcer la main aux clubs pour qu'ils jouent le jeu dans le fair-play et la transparence. Sinon, le sport algérien continuera de couler indéfiniment. K. A.