La tentative de coup d'Etat militaire contre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a été noyée dans le sang dans la nuit de vendredi à hier. En quelques heures seulement, 104 putschistes ont été abattus sans ménagement, auxquels s'ajoutent 161 autres victimes parmi les forces de police et les fidèles du chef d'Etat turc. On dénombre également 1 440 blessés. La tentative de coup d'Etat militaire contre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a été noyée dans le sang dans la nuit de vendredi à hier. En quelques heures seulement, 104 putschistes ont été abattus sans ménagement, auxquels s'ajoutent 161 autres victimes parmi les forces de police et les fidèles du chef d'Etat turc. On dénombre également 1 440 blessés. Des centaines de militaires impliqués, menés par les commandants de l'armée de terre et de l'aviation militaire, ont été arrêtés. Le premier ministre turc a parlé de 2 839 arrestations. Un bain de sang de trop qui traumatise un pays déjà violemment secoué par plusieurs attentats terroristes. La violente riposte du gouvernement légal, fermement soutenu par les services de renseignement du fameux MIT, les forces de police, une partie de l'armée (la marine) et des milliers de militants de l'AKP (le parti au pouvoir), a donné lieu à un face-à-face sanglant dans les rues d'Ankara et d'Istanbul. Cette tragédie aura certainement des conséquences, non seulement pour la Turquie, mais aussi pour les Etats voisins qui ont immédiatement procédé à la fermeture leurs frontières par crainte d'éventuels débordements. La Grèce a mis son armée en état d'alerte. L'Iran a fait de même en convoquant une réunion extraordinaire de son Conseil de sécurité national. Au lendemain de ce malheureux coup de force, l'ONU, par la voix de son premier responsable, Ban Ki-moon, a appelé les dirigeants turcs «au calme et au respect de la démocratie». Le secrétaire général de l'Otan (dont la Turquie est membre), Jens Stoltenberg, a également exhorté Ankara à privilégier le sang froid pour un retour rapide à l'ordre constitutionnel, lors d'un entretien téléphonique avec le ministre turc des Affaires étrangères. La chef de la diplomatie européenne (UE), Federica Mogherini, a, elle aussi, appelé à «la retenue et au respect des institutions démocratiques». Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a simultanément préconisé un «retour rapide à l'ordre constitutionnel en Turquie» car, ajoute-t-il, les difficultés persistantes du pays «ne peuvent être résolues par les armes». De nombreux pays européens, dont la France, Grande-Bretagne, l'Allemagne et la Russie ont adopté quasiment le même ton «conciliant» pour dépasser au plus vite cette situation porteuse de péril pour l'Europe, notamment en ce qui concerne la crise migratoire dont la Turquie constitue l'un des principaux passages. Barak Obama a aussi exprimé son soutien au gouvernement élu de Recep Tayyip Erdogan, en plaidant pour un prompt retour à la normale. Des réactions similaires ont été émises par les pays arabes et les Etats voisins du Moyen-Orient. On doit souligner que beaucoup de pays s'inquiètent des suites fâcheuses de ce coup d'Etat avorté. François Hollande, le président français, dit craindre une vague de répression et de représailles aux conséquences incalculables sur la stabilité de ce pays hautement stratégique. D'ores et déjà, Angela Merkel, la chancelière allemande, a appelé Erdogan à «traiter les putschistes dans le respect de l'Etat de droit». En somme, point de condamnation des généraux putschistes. Il est vrai que le leader islamiste turc a beaucoup perdu de sa superbe au cours de ces cinq dernières années, en raison de son implication négative dans les conflits qui agitent en ce moment toute la région du Moyen-Orient. Erdogan s'est en effet trop immiscé dans les crises syrienne et irakienne, en faisant de son pays la base arrière des terroristes de tous poils. Il a ensuite exploité la crise des réfugiés et des migrants clandestins pour exercer un incroyable chantage sur l'Union européenne. Sa réconciliation presque humiliante avec la Russie de Vladimir Poutine, suite à la brouille qui a donné un bon prétexte à l'Otan pour étendre son influence davantage vers l'est, n'a visiblement pas été du goût de ses camarades de l'Alliance Atlantique. La normalisation quasi-simultanée des relations avec Israël, après six années de rupture en raison de son vain soutien à la levée de l'embargo imposé à Ghaza, lui a également fait perdre des points dans le monde arabe. En gros, Erdogan - qui serait atteint de la folie des grandeurs, selon ses détracteurs- a commis beaucoup d'erreurs qui nuisent terriblement à l'image de la Turquie dans le monde. Sur le plan interne, ses atteintes répétées à la liberté d'expression (incarcération de plusieurs journalistes et opposants politiques) et son option pour la répression systématique de toute voix discordante (manifestations du Parc Gezi et de la place Taksim à Istanbul, nombres d'autres marches de mécontentement à Ankara et expéditions militaires contre les kurdes) lui ont fait perdre beaucoup de sa popularité. A cela, on peut ajouter aussi le net recul de la croissance économique en raison de la perte du marché syrien et les accusations de corruption qui pèsent sur sa famille et ses proches collaborateurs. En un mot, les leaders du monde entier semblent comprendre le vrai malaise qui a poussé les militaires turcs à commettre leur folie aux retombées négatives sur l'économie et la stabilité politique du pays de Mustafa Kemal Atatürk. K. A.