Faire sortir l'art du cadre traditionnel des galeries et espaces d'exposition, pour aller dans des lieux atypiques dans l'espace urbain et dans la rue est un concept qui connaît de plus en plus d'adeptes notamment chez les artistes algériens de la nouvelle génération. Pour ces artistes, il s'agit avant tout d'être en contact directe avec les citoyens qui ont rarement l'occasion de visiter une galerie et qui n'ont pratiquement jamais mis les pieds dans des espaces d'expositions. Il s'agit ainsi de réconcilier l'Algérien avec les créations esthétiques dans des espaces de dialogues où l'art revêt un caractère social au plus prés des interrogations et préoccupations du grand public. Ainsi, dans cet esprit que s'est récemment déroulée, l'exposition des artistes Midou Dambri et Rafik Nahoui, intitulée : «Altitude 122,78» dont le titre représente l'altitude exacte de la gare ferroviaire de la ville de Biskra, le lieu atypique où s'est déroulée cette performance artistique. Cette deuxième exposition des deux plasticiens aux multiples talents, est dans le sillage de celle intitulée «Full-contact» organisée, au mois de ramadhan passé au cœur des ksours de Lichana également à Biskra Le concept Full contact tels que l'explique Rafik Nahoui «c'est la symbiose entre l'art et l'endroit, et l'utilité concrète de l'art dans la vie, ça sert à discuter». Dans le même esprit, citons également à titre d'exemple la manifestation intéressante «El Medreb» initiée par le collectif «Trans-Cultural Dialogues», marquée par des performances de street art et des projections de films avec l'implication directe des habitants du quartier historique d'El Hamma, autour du thème du partage de la mémoire collective des lieux. Cette action s'était déroulée dans deux anciens hangars qui a ont été ainsi nettoyés par les artistes et les jeunes du quartier. Sept artistes ont ensuite réalisé des fresques murales, inspirées de récits urbains collectés par les organisateurs, auprès des anciens du quartier. Ce travail de sensibilisation et d'animation culturelle portée par une jeunesse enthousiaste a réussi a créer des passerelles entre les artistes et les habitants de quartier populaire qui a démontré qu'il suffit d'un peu de bonne volonté pour que les citoyens s'intéressent à l'art dans un esprit interactif. C'est dans le même esprit de développement de l'art contemporain en contournant la problématique d'espaces d'expositions et du manque de financement qu'il y a une année, a été organisée la 3e édition de «Picturies Générale» dans les anciennes galeries du marché Volta, situé au cœur de la capitale, est abandonnée depuis prés de trente ans. Durant tout un mois, une vingtaine d'artistes, âgés entre vingt et quarante ans, se sont retroussés les manches, pour nettoyer les lieux et organiser une exposition d'œuvres inédites avec leurs propres moyens. Cette 3e édition de «Picturie générale» avec également comme principale objectif de se rapprocher d'un public qui n'est pas habitué des galeries. En investissant les lieux, les artistes ont d'une part réussi à montrer le travail de toute une génération qui reste méconnu des circuits officiel et des galeries privée. Et d'autre part, créer de véritables interactions avec les gens de la rue, des citoyens lambda sensibilisés à l'art et la créativité, à partir du moment où l'on va vers eux dans des espaces de dialogues et d'échanges. S. B.