Le nom du nouveau Premier ministre est désormais connu de tous : Abdelmadjid Tebboune, jusque-là ministre de l'Habitat dans le gouvernement Sellal, mais aussi chargé, en même temps, d'un autre portefeuille parmi les plus lourds, en l'occurrence celui du Commerce, depuis le décès de l'ancien ministre, Bekhti Belaïb. Un communiqué de la présidence de la République, rendu public hier, a confirmé la nomination sur décision du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, «après consultation de la majorité parlementaire» comme le prévoit la loi fondamentale du pays, révisée en février de l'année dernière. Une nomination qui vient juste après la démission du gouvernement Sellal - là aussi comme le prévoit la loi- après l'annonce officielle des résultats définitifs du scrutin législatif 2017 et l'installation de la huitième législature, avec à sa tête, Saïd Bouhedja, moudjahid et député FLN. «Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a procédé à la nomination de Abdelmadjid Tebboune au poste de Premier ministre, en remplacement de Abdelmalek Sellal», a indiqué la présidence de la République dans un communiqué. Le même communiqué précisera : «A la suite de la proclamation par le Conseil constitutionnel des résultats définitifs des élections législatives, et de l'installation de la huitième législature de l'Assemblée populaire nationale, M. Abdelmalek Sellal, Premier ministre, a présenté, ce jour, à son excellence, M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, sa démission et celle du gouvernement. Le président de la République a félicité M. Abdelmalek Sellal, Premier ministre sortant et les membres du gouvernement pour le travail qu'ils ont accompli». Et de poursuivre : «Conformément à l'article 91, alinéa 5 de la Constitution, M. le Président de la République, a, après consultation de la majorité parlementaire, nommé M. Abdelmadjid Tebboune, Premier ministre». Aussi, lit-on dans le même communiqué, «le chef de l'Etat a également chargé les membres du gouvernement démissionnaire de vaquer aux affaires courantes de leurs secteurs respectifs, en attendant la nomination du gouvernement». Le nouveau Premier ministre prendra officiellement ses nouvelles fonctions, aujourd'hui, lors d'une cérémonie de passation de pouvoirs avec son prédécesseur, Abdelmalek Sellal. Abdelmadjid Tebboune est né le 17 novembre 1945 à Mecheria (Naâma). Diplômé de l'Ecole nationale d'administration (ENA), spécialité économie et finances, il a entamé sa carrière en 1969 comme administrateur. Plusieurs fois, il avait occupé le poste de secrétaire général de wilaya (Djelfa, Adrar, Batna, M'sila…). Aussi, il avait occupé le poste de wali (Adrar, Tiaret et Tizi Ouzou). En 1991, il a été désigné ministre-délégué chargé des Collectivités locales auprès du ministère de l'Intérieur. Une année après, il quitte le gouvernement et prend une retraite anticipée. En 1999, avec l'arrivée du président Bouteflika, il reviendra au gouvernement, avec le titre de ministre de la Communication qu'il n'occupera toutefois que pendant 6 mois avant d'être rappelé à nouveau au poste de ministre-délégué chargé des Collectivités locales. En 2001, le président Bouteflika le nommera au poste de ministre de l'Habitat et il se fera connaître du large public notamment par le programme de logements Aadl. Un poste qu'il occupera jusqu'à 2002. M. Tebboune ne reviendra officiellement au gouvernement qu'en septembre 2012, avec la nomination du premier gouvernement Sellal. Il s'occupera comme en 2002 du secteur sensible qu'est l'Habitat et relancera précisément le programme Aadl1. Il lancera celui dit Aadl2, mais aussi un autre chantier auquel tient spécialement le chef de l'Etat : la grande mosquée d'Alger. M. Tebboune conservera son poste de ministre de l'Habitat durant les quatre gouvernements Sellal. En janvier 2017, alors qu'il est toujours ministre de l'Habitat, il se voit confier une autre charge ministérielle : assurer l'intérim du ministère du Commerce. Il ne dira pas non et gèrera les deux secteurs en même temps. Et il réussit malgré certaines critiques émanant ça et là. A son arrivée en 2012 à la tête du département de l'Habitat, M. Tebboune procèdera à un vrai ménage. Il y remettra de l'ordre et s'en prendra aux «parasites». Il s'y distinguera par son assainissement des listes des entreprises en charge de la réalisation des différents programmes avec la mise en place des «shorts-lists» dans le secteur et aussi les «blacks lists». Avec lui, fini «le gré à gré» et autres attributions des marchés sans respect des conditions préétablies. Il fera de même dans le secteur du Commerce, celui extérieur, en premier lieu, malgré son court passage, en procédant, là aussi, à une véritable opération d'assainissement qui n'a pas été sans rencontrer de sérieuses résistances. M. Tebboune a notamment limité les licences d'importation en ce qui concerne particulièrement ce qui est produit localement. Il a aussi interdit l'importation de la viande congelée. Avec l'approche du mois de Ramadhan, il a annoncé une possible importation d'une légère quantité de cette viande congelée pour faire face à la demande croissante en la matière. Dans les deux secteurs (Habitat et Commerce), Tebboune a fait montre de fermeté dans ses décisions, sans refuser les «réaménagements» quand c'est nécessaire (comme c'est le cas de la viande), faisant donc montre également d'ouverture d'esprit. Fermeté, en même temps, ouverture d'esprit, en plus des sorties à répétition dans les chantiers pour s'enquérir de l'avancement des travaux, sans compter sa longue expérience dans l'administration, la gestion de la collectivité locale et, certainement, la politique, tout cela a plaidé pour sa nomination à un haut poste de responsabilité. Le poste de Premier ministre. K. M.