«Les organisations estudiantines ne nous représentent pas. Elles ne représentent que leurs intérêts.» C'est cette phrase qui revient pratiquement sur toutes les lèvres à chaque fois qu'on interroge un étudiant sur le rôle et l'influence de ces organisations. AREN, UGEL, UNEA ou autres, ces organisations censées faire un travail de lobbying pour l'amélioration des conditions de vie des étudiants perdent aujourd'hui de plus en plus de crédibilité aux yeux de la communauté universitaire. Et, pourtant, naguère, certaines de ces organisations suscitaient réellement la crainte de l'administration universitaire. Souvent, cette dernière donnait suite à leurs revendications sans tergiversation tellement la mobilisation des étudiants donnait du poids à ces organisations. Aujourd'hui, bien des choses ont changé sur nos campus. Les considérations politiciennes ont pris le dessus sur le combat pédagogique et la cause des étudiants est souvent éclipsée par des enjeux économiques et financiers. «Les organisations sont des vitrines de partis politiques ayant infiltré la fac pour relayer leurs idéologies et recruter des partisans au sein des étudiants», déclare Omar, 27 ans, ingénieur en hydraulique et ancien membre d'une organisation estudiantine. «Au début, j'ai adhéré par conviction à cette organisation. Je voulais œuvrer sincèrement à la défense de la condition estudiantine. J'ai cru qu'on pouvait faire pression sur l'administration et arracher des acquis. Mais, malheureusement, je me suis rendu compte qu'on m'utilisait pour servir les intérêts d'un parti politique», confie encore notre interlocuteur qui affirme tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Et pour cause, Omar fait partie de cette catégorie d'étudiants qui ont bien compris que le lobbying au sein des organisations estudiantines se fait au profit des politiques et jamais au service de l'université. «Dans chacun des regroupements de ces organisations, des banderoles politiques sont mises en valeur. Et on parlait beaucoup plus du programme du président de la République que des préoccupations des étudiants. Quelquefois, on nous incitait carrément à aller voter lors d'une échéance électorale en faveur d'un parti ou d'une liste bien déterminée. C'était cela le lobbying des organisations estudiantines», dénonce, pour sa part, Sara, étudiante à l'université de Blida, qui ne comprend pas pourquoi on laisse ces organisations squatter l'espace universitaire. «Elles sont réellement puissantes. Cela vous pouvez le croire. Il suffit que l'administration refuse le passage ou le rattrapage à leurs adhérents pour qu'elles déclenchent une grève. Ces adhérents n'hésitent pas non plus à menacer les enseignants de rapports compromettants s'ils refusent de leur octroyer de bonnes notes», relève encore Omar qui s'inquiète plus que jamais du devenir de l'université face à la prolifération de ces pratiques. «Dans plusieurs universités, ces organisations transforment des locaux en commerce sans que personne trouve à redire. C'est vous dire que le lobbying politique qui les appuie est très puissant», analyse un autre étudiant, lui aussi ancien membre d'une organisation estudiantine. Tous ces témoignages concordent ainsi à présenter le caractère mercantile et politique de ces organisations. Reste enfin à savoir s'il y a bien des entités qui défendent la cause des étudiants et leur avenir. Mais, décidément, cela ne préoccupe personne… A. S.