Approchés à l'université ou sur les lieux de leur travail, la majorité des jeunes affirment qu'ils consacrent très peu de leur budget à l'achat de livres, qu'ils soient littéraires ou scientifiques, et de techniques nécessaires pour leurs recherches universitaires ainsi que pour améliorer leurs expériences professionnelles. La plupart d'entre eux, en raison de leur budget serré, préfèrent consacrer leur argent au cybercafé, mais pour chatter ou jouer et non pour des recherches ! D'autres le dépensent en téléphone, achat de CD de musiques, DVD de films ou tout simplement pour des sorties avec les copains et les copines. Reste une minorité, les étudiants en l'occurrence ; bien que motivés pour lire et s'informer, ils ne peuvent procéder à l'achat du moindre support -livres ou CD spécifiques à l'enseignement- en raison du peu de moyens financiers en leur possession, à l'exemple d'Asma, étudiante à l'université de Bouzaréah au département de français, passionnée de lecture, qui ne peut accéder à ce qui est devenu un rêve pour elle, et qui se rabat sur les bibliothèques universitaires. Amine, un autre étudiant, nous a agréablement surpris par sa position envers les livres et la lecture. En effet, il nous avouera franchement que, pour lui, «la lecture, c'est une arme. Car, quand je suis arrivé de Batna, je me sentais perdu par rapport aux gens d'Alger et quelque peu complexé quant à mon niveau culturel. De ce fait, je me suis privé de beaucoup de choses pour acheter des livres et ainsi compenser mes lacunes. J'achetais tous les 6 mois nombre de livres. Maintenant je me sens au même niveau que le reste des étudiants, peut-être même que je les dépasse», affirme-t-il avec un sourire complice. Lamia, étudiante en sociologie, reconnaît qu'elle ne s'intéressait pas du tout aux livres, balayant l'idée de dépenser le moindre centime pour en acheter. Mais à sa grande surprise, elle a révisé ses idées préconçues et achète maintenant de manière régulière des livres après avoir découvert l'importance que ses grands-parents leur accordaient. «En me rendant au domicile de mes grands-parents, j'étais subjuguée par leur bibliothèque. Mieux, ma grand-mère, pourtant âgée, se rend une fois par semaine de son domicile à Dar El Beida dans une petite bibliothèque à Hydra pour faire des séances de lecture au profit des jeunes défavorisés. Le bénévolat de ma grand-mère m'a interpellée», dira l'étudiante. Reste que, si le livre a perdu de son attrait pour la majorité des jeunes du fait de son coût qui grève leur budget, la montée en force d'Internet et l'accès aux chaînes de télévision ainsi que les CD plus accessibles pallient la lecture des grands romans d'écrivains reconnus ou des encyclopédies. De plus, les livres portés à l'écran encouragent les jeunes déjà peu portés sur la lecture à continuer à tourner le dos aux livres… F. B.-C.