40 millions d'euros en faux billets sont en circulation. Le pot aux roses a été découvert à Mostaganem. Ce n'est pas nouveau, dirions-nous, tant il est vrai que les services de sécurité ont déjà démantelé, à plusieurs reprises, des réseaux de faux-monnayeurs. Mais les sommes saisies n'avaient jamais atteint une telle valeur. 40 millions d'euros en faux billets, c'est l'équivalent de 500 milliards de centimes. Ce n'est pas rien. Une situation qui a introduit un sentiment de suspicion jamais égalé dans le pays, à telle enseigne que même les billets tirés des banques sont frappés de méfiance. Dès lors que nos établissements financiers n'ont pas le matériel nécessaire pour la détection de faux billets, pour preuve, des citoyens ont eu la mauvaise surprise de trouver de faux billets glissés dans les liasses d'argent qu'ils ont retirées des banques. L'inflation qui est en train d'augmenter n'est pas seulement due à la spéculation. Elle trouve également son origine dans l'introduction dans notre pays de la fausse monnaie. De la fausse monnaie qui est écoulée, comme cela s'est passé dans l'ouest du pays, dans les marchés aux bestiaux où toutes les transactions sont faites en liquide, mais aussi sur les terres agricoles car les paysans n'ont pas pour culture de bancariser leur argent et préfèrent les dessous de matelas ou encore les armoires de leurs épouses. Et cela fait justement le bonheur des faux-monnayeurs dont le matériel hyper-sophistiqué n'est pas fourni par des amateurs mais par des professionnels qui excellent dans la déstabilisation. Cela ne peut être le fait de petits malfrats en quête de gain facile et d'enrichissement rapide. Les coïncidences sont troublantes. Car, faut-il le rappeler, l'Algérie fait l'objet (ce n'est ni une vue de l'esprit ni de la paranoïa, loin s'en faut) de tirs groupés depuis qu'elle a décidé, une fois libérée de toutes les contraintes à l'échelle internationale, de prendre des mesures à même de protéger l'économie nationale et de mettre un terme à la saignée de devises qui s'en vont faire les beaux jours des étrangers. Sans pouvoir, avec toutes les dispositions de facilitation et d'encouragement pour l'investissement, bénéficier ni de l'amélioration des prestations ni du transfert de technologie. Les deux lois de finances complémentaires 2009 et 2010 ont provoqué une levée de boucliers sans précédent de la part des partenaires étrangers qui ont fait actionner également leurs relais en Algérie. Les pressions ont commencé à se faire sentir sans que les pouvoirs publics lâchent prise. Il fallait donc trouver un autre moyen pour les faire reculer. Et c'est la déstabilisation de l'économie algérienne qui est privilégiée à défaut de pouvoir en tirer des profits à moindre coût. Cela nous rappelle étrangement ce qui s'est passé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit de l'opération dite Bernhard Krüger qui a mis sur pied une équipe de 142 faux-monnayeurs qu'il a choisis parmi les prisonniers du camp nazi de concentration de Sashenhausen, à quelques kilomètres de Berlin. Sa cible était la Grande-Bretagne qui faisait partie des Alliés. Les faux billets ont d'abord été blanchis avant de servir à l'achat de marchandises. L'objectif était de provoquer une hyperinflation pour déstabiliser l'économie britannique. Et c'est un employé de la Banque d'Angleterre qui a découvert le trafic. Ce sont donc 8 965 080 billets qui ont été produits pour une valeur de 134 610 810 livres sterling. L'histoire, malheureusement, se répète. Cependant, il va sans dire que l'introduction de la fausse monnaie chez nous, non sans la complicité de certains cadres dans les institutions de l'Etat qui usent de leur fonction pour ce faire, est rendue possible en l'absence de vigilance, d'une stratégie claire visant à mettre en place des balises en misant sur du matériel à même de détecter les faux billets qui sont écoulés y compris dans nos banques. F. A.