Comme un coup d'épée dans l'eau, les réformes engagées par le gouvernement commencent à confirmer les craintes de plusieurs acteurs de la scène politique et médiatique.Depuis quelques jours, en effet, les avant-projets de lois commencent à sortir dans les journaux sous forme de fuites organisées, dont les objectifs ne sont pas forcément avoués. Ces fuites, étrangement distillées par les mêmes canaux, à des exceptions près, sont apparemment destinées à susciter un débat dans l'opinion publique. Peine perdue, puisque seul l'avant-projet du Code du l'information a inspiré des commentaires dans quelques journaux. Sans plus. Le plus étrange dans cette histoire est que les premiers concernés, à savoir les partis politiques, ne sont pas destinataires des moutures étudiées en réunion du gouvernement. Autant dire qu'en procédant de la sorte, l'Exécutif entend mettre la classe politique devant le fait accompli. D'autant que, contrairement aux promesses faites en avril dernier par le chef de l'Etat, les premiers indices convergent vers une déception totale ; les projets à l'étude au gouvernement sont tout simplement rétrogrades. Et, lorsqu'ils ne le sont pas, on n'y décèle aucune avancée dans l'esprit de ce qu'a promis le chef de l'Etat.Ces tendances, reflet des desseins du gouvernement, sont la preuve que ceux qui se sont méfié des intentions du pouvoir ont eu raison de l'être. On avait souvent reproché à certains partis et médias de «vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué» lorsqu'ils exprimaient un préjugé défavorable quant aux intentions du pouvoir. Or, le temps a malheureusement prouvé que le système actuel n'a «aucune volonté de changement», comme l'a confirmé récemment l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri. Cette confession de l'ancien ministre est d'autant plus crédible que l'homme est connu à la fois pour son sens de la mesure, sa sagesse et sa modération dans ses prises de position.Les énoncés de l'avant-projet du Code de l'information suffisent à eux seuls pour se méfier de ce qui va suivre. Autant dire que des années de combat et les derniers développements dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord n'ont finalement aucune influence sur nos dirigeants. Ces derniers ont réussi à gagner du temps en promettant que les «avis des partis politiques et associations de la société civile allaient être pris en compte». Quelle esbroufe ! Quel maigre résultat pour autant d'efforts !Les consultations menées à bâtons rompus par Abdelkader Bensalah n'ont donc servi à rien. Si ce n'est proposer à l'opinion publique nationale un marché de dupe. Un marché où le pouvoir donne l'impression de lâcher du lest alors qu'en réalité, il fait monter les enchères. C'est à se demander si, comme l'a soutenu le FFS, cette «mascarade» n'était en fait qu'une ruse destinée à faire croire que le système actuel peut se transformer de l'intérieur. Ce qui est, évidemment, une vue de l'esprit confirmée par les textes qu'il nous est donné de voir. A la lumière des textes qui sortent ces jours-ci, les réformes promises ne vont donc pas créer la révolution «en douce» promise par certains partis politiques qui, à l'image du FLN, ont voulu faire croire qu'au lieu d'une transition «imposée par la rue», le pays peut se targuer d'avoir mené une réforme dans la sérénité. Ce qui n'est pas loin de la réalité lorsqu'on voit que l'Algérie a été tout de même épargnée par les troubles qu'ont connus les pays de la région. Mais les promoteurs de ce faux espoir risquent de mener le peuple en bateau, au lieu de mener le bateau Algérie à bon port. A. B.