Photo : Riad Par Hassan Gherab Du bel art et du beau monde au Musée des arts modernes et contemporains d'Alger (Mama). Les grandes portes vitrées du musée se sont ouvertes, samedi dernier, pour le vernissage de l'exposition collective du 3e Festival international d'art contemporain d'Alger (Fiac 2011). Un mouvement inhabituel dans cette portion de la rue Larbi Ben M'Hidi qui, pourtant, est une voie commerçante accoutumée aux va-et-vient incessants de chalands, badauds faisant du lèche-vitrine, couples en balade et familles en sortie. La présence remarquée d'un dispositif de sécurité pour la circonstance, s'ajoutant au halo de lumière qui se dégageait du musée éclairé à giorno, incite les passants à marquer un arrêt devant l'entrée. Mais ils n'entrent pas, ne sachant pas à quoi ni à qui ils auront affaire. Ils n'osent pas de peur de se voir, rabrouer. C'est là sans doute l'illustration parfaite de la non-socialisation de la culture.Le seuil du Mama franchi, on se retrouve au milieu d'un petit rassemblement d'artistes. Ils forment des petits groupes où les exclamations de joie des retrouvailles, les éclats de rires et les petites chamailleries d'artistes forment un brouhaha en fond sonore. Les discussions tournent autour du festival, l'exposition d'un tel ou le projet d'un autre. La Commissaire d'exposition, Nadira Laggoune-Aklouche, est, elle, partout. Elle va d'un groupe à l'autre, demande si tout se passe bien, vérifie que tout se passe bien, salue l'un, embrasse l'autre, avec un sourire qui ne la quitte pas. Le commissaire général du Fica, Mohammed Djehiche, et son assistante en font autant.L'ambiance festive ne se prête évidemment pas à une contemplation approfondie des œuvres exposées dans les trois niveaux du musée. Un tour s'impose toutefois, et il permettra de dégager une appréciation générale : le 3e Fica dont le thème est «Le retour» rassemble qualité et quantité (26 artistes exposants dont 18 étrangers). Notre déambulation hasardeuse dans les trois niveaux se verra interrompue de temps à autre devant une œuvre qui retiendra notre attention, ce qui ne veut aucunement dire que les autres sont de moindre qualité. On marquera ainsi la pause devant «Baluchi (red and blue) Tapis de laine» de la Palestinienne Mouna Hatoum, où ce qui de près apparaît comme des taches devient le dessin des cinq continents quand on observe le tapis de haut. Plus loin, le Camerounais Pascale Marthine Tayou a installé sa Colonne métallique de marmites émaillées peintes de couleurs vives. Plus haut, au premier niveau, nous tombons sur l'installation murale An explosive heart de la Turque Inci Eviner qui présente des posters autocollants sur lesquels revient l'image d'un enfant portant une bombe sur son torse et tenant le détonateur dans la main. A quelques pas de là, le Sénégalais Cheikhou Ba a mis en place son installation Look behind qui est une armée de petites silhouettes en carton, noires d'un côté et blanches de l'autre, fichées sur un support blanc… Ce ne sont là que quatre œuvres sur les vingt-six exposées. Ce n'est en fait qu'une mise en bouche, et un retour (pour rester dans le thème du Festival) s'impose autant pour mieux observer les œuvres dans une ambiance plus sereine que pour décrypter les messages qu'elles portent. Et pour ceux qui n'ont pas encore mis les pieds au Mama, c'est sans doute l'occasion de le faire, ça vaut le détour, même si, au final, on en sortait avec des appréciations différentes. Ne dit-on pas que la beauté est dans l'œil de l'observateur et qu'il n'y a rien de plus subjectif qu'un regard, donc une critique ?