L'Algérie a réussi à convaincre l'Union européenne (UE) des filières industrielles qu'elle veut protéger par le report de leur démantèlement tarifaire, a indiqué, hier, une source proche du dossier. «Nous sommes parvenus à les convaincre sur les filières industrielles à protéger. Les justifications apportées par l'Algérie pour motiver sa demande du report du démantèlement tarifaire prévu par l'accord d'association ont convaincu la partie européenne […]. Le répit demandé par l'Algérie pour les industries du textile, de la sidérurgie et de l'automobile a été largement justifié», a ajouté la même source, en précisant que la partie européenne «travaillait actuellement sur le document algérien». Pour autant, «rien n'a été acquis de ces négociations, mais aussi rien n'est bloqué», a-t-elle avancé. En effet, la partie européenne a exposé à l'Algérie les pertes économiques qu'elle allait subir du fait du gel du démantèlement tarifaire des produits industriels importés de l'UE. «Ces négociations ont porté sur ces aspects commerciaux quantifiables», selon elle. «Nous leur avons expliqué que si nous voulons fermer, c'est parce qu'on veut développer certaines industries chez nous», a-t-elle dit. Le gel du démantèlement a pris effet depuis le 15 septembre 2010, date à laquelle l'Algérie a soumis officiellement sa demande de report, et se poursuivra après la conclusion de l'accord mais avec les nouvelles bases qui seront retenues à cet effet par les deux parties, a encore expliqué la même source. Les deux parties se sont donné rendez-vous en janvier 2012 pour fixer la date du 8e round. Le septième round s'est tenu le 21 octobre dernier à Bruxelles. Fin 2010, l'Algérie avait demandé de décaler de trois ans le calendrier de démantèlement tarifaire des produits importés de l'UE, motivant sa requête par le besoin d'accorder une période supplémentaire aux entreprises algériennes, afin de se préparer à la concurrence accrue qui sera imposée avec la création de la zone de libre-échange algéro-européenne. L'accord d'association, mis en œuvre en 2005, prévoit à cet effet le démantèlement graduel de deux listes de produits européens à l'importation en Algérie, dont l'une sera complètement démantelée en 2012 et l'autre en 2017, année de l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange. Mais le même document accorde en parallèle aux deux parties la possibilité de geler de trois années l'application de ce démantèlement, si les échanges commerciaux sont déséquilibrés et profitent seulement à une seule partie. Alger et Bruxelles sont parvenus à aplanir les différends sur le volet agricole, mais certains aspects concernant le volet industriel restent à clarifier.