L'Union européenne (UE) a officiellement levé la taxe «anti-dumping» imposée sur les exportations d'engrais de plusieurs pays gaziers, dont l'Algérie, une information rapportée par Algérie presse service. La mesure a été publiée fin décembre dernier au Journal officiel de l'UE, soit trois ans après son annulation (2009), suite à une série de négociations entre Alger et Bruxelles. Cette imposition qui touchait les exportations d'engrais algériennes est de l'ordre de 13%. Elle avait été instituée par l'UE, suite à une plainte de l'Association européenne des producteurs de fertilisants. L'association avait considéré que les fertilisants produits dans certains pays gaziers bénéficiaient d'une sorte de dumping, car le prix du gaz utilisé dans cette industrie, forte consommatrice de cette énergie, était subventionné, Et du coup, ces produits arrivaient moins chers sur le marché européen, créant une sorte de concurrence déloyale. L'argument semble cependant pas très convaincant. C'est pourquoi, d'ailleurs, cette taxe, décidée de manière unilatérale, avait été fortement contestée par Alger qui avait estimé qu'une telle mesure allait à l'encontre du libre-échange commercial et que la question du prix du gaz ne pouvait constituer un argument solide. L'UE, de même que l'OMC, reprochait à l'Algérie de pratiquer le double prix sur le gaz, c'est-à-dire un prix faible sur le marché domestique et élevé sur le marché extérieur. Aussi, les négociateurs algériens avaient-ils fourni à leurs homologues européens des explications sur la composition du prix du gaz : ils avaient alors démontré que le prix de cette énergie pratiqué en Algérie couvre bien les frais de l'exploration, l'extraction, le transport, le stockage mais dégage aussi une marge bénéficiaire suffisante pour le réinvestissement. Cela veut dire qu'il n'y a pas de soutien de la part de l'Etat au prix du gaz, ni de subvention déguisée de l'Etat à la société Fertial qui produit les engrais commercialisés en Europe. Du fait de cette taxe, les engrais algériens étaient devenus non compétitifs. Aussi, Fertial a dû arrêter ses exportations vers les pays de l'UE. Cette entreprise, qui est le fruit d'un partenariat entre la société algérienne Asmidal (34% d'actions) et le groupe espagnol Villar Mir (66% d'actions), pourrait désormais revenir sur le marché européen maintenant que cette imposition a été levée. La suppression officielle de cette mesure va donner de larges perspectives à l'Algérie en offrant des débouchés à sa production, appelée à augmenter avec la réception de deux projets d'ammoniac et d'urée dans la zone industrielle d'Arzew. La taxe sur les engrais avait également pénalisé d'autres pays gaziers comme la Russie, la Biélorussie et l'Ukraine en les pénalisant à placer leur production sur le marché européen. Tout comme l'Algérie, ces pays ont du mal aussi à investir en Europe. L'Algérie et l'Union européenne négocient depuis plus de cinq ans un accord global sur l'énergie. C'est, en principe, cet accord qui devrait régler les questions liées à l'énergie. Mais encore faut-il qu'il soit conclu. Y. S.