Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani
Ils étaient, avant-hier, 32 à passer devant le magistrat instructeur chargé de cette affaire qui a défrayé la chronique à Annaba et qui a terni une campagne électorale déjà en panne et d'une morosité plus qu'inquiétante. Du beau monde qui s'est trouvé sous les feux de l'actualité : 5 médecins, dont des gynécologues, un imam, un Français, patron d'une agence de mannequins et qui se targue d'avoir occupé de hautes fonctions au niveau de ministères français, et un vice-président de l'APC de Annaba, candidat à la députation.Le reste, le propriétaire d'une villa, un patron d'hôtel sur la côte, un chauffeur, une ex-fonctionnaire de la wilaya, un gardien et des mineures impliquées dans ce scandale. L'affaire a éclaté lorsqu'une des mineures avait porté plainte, la semaine passée, déballant tout aux services de sécurité. Sous couvert de cette agence et avec la complicité de ses acolytes, Jean-Michel Baroche recrutait des jeunes filles, de préférence mineures, pour soi-disant se constituer un certain nombre de mannequins. Ces dernières, attirées par le gain et par le fait qu'elles pourraient faire carrière dans ce métier à l'étranger, s'étaient complètement investies dans cette entreprise. Mais les choses ont évolué autrement et le Français, profitant de leur crédulité juvénile, les droguait pour les faire passer au lit en prenant des photos et en filmant des scènes pornographiques. Ces films sont ensuite revendus au prix fort sans que ces jeunes filles ne se doutent de rien puisqu'elles étaient sous l'emprise de drogues et d'alcools lorsqu'elles subissaient ces viols maquillés en séquences où les partenaires sont présentés comme consentants.Ensuite avec le concours de gynécologues, on procédait à la réparation des hymens pour que les jeunes victimes «recouvrent» leur virginité perdue. L'enquête menée par les services de sécurité a permis d'identifier toutes les personnes impliquées dans cet odieux trafic qui a amené avant-hier une foule de citoyens devant le tribunal de Annaba, où accusés et témoins avaient été auditionnés jusque tard dans l'après-midi.Le magistrat instructeur a ordonné pas moins de dix mandats de dépôt pour quatre médecins, le vice-président de l'APC de Annaba, une ex-fonctionnaire de la wilaya, le Français Jean-Michel Baroche, le chauffeur et le gardien de la villa, qui ont dormi, hier, à la prison en attendant la présentation, aujourd'hui, du patron de l'hôtel qui avait hébergé une des filles mineures avec l'un des complices du patron de l'agence de mannequins. Cette affaire, qui n'a pas encore révélé tous ses secrets, a amené le magistrat instructeur à ordonner un complément d'enquête. Apparemment, les filets de la police pourraient ramener du gros poisson dans les tout prochains jours. Affaire à suivre.