La fraude douanière et fiscale dans le commerce extérieur ne cesse de prendre de l'ampleur en Algérie. Voulant profiter de l'embellie financière du pays et de la multiplication des projets de développement impliquant des importations tous azimuts, certains acteurs économiques du commerce extérieur continuent d'effectuer des opérations frauduleuses. Et ce, en dépit des avancées réalisées par les douanes algériennes, notamment en terme de lutte contre les phénomènes frauduleux.En effet, pas moins de 442 opérateurs économiques fraudeurs ont vu leurs importations bloquées pour fraudes douanières et fiscales. «Uniquement pour les opérateurs économiques, nous avons eu à bloquer 442 opérateurs en 2011, pour des infractions constatées lors des opérations de contrôle a posteriori», a indiqué, hier, une source douanière à l'APS. Majoration ou minoration de valeur, fausse déclaration d'espèces, détournement des avantages fiscaux, utilisation de faux documents, sont autant d'infractions constatées aussi bien chez les entreprises importatrices de biens pour la revente en l'état que chez les opérateurs économiques producteurs ou investisseurs. En outre, plus d'un millier d'autres opérateurs n'ont pas été localisés, lors des opérations du contrôle a posteriori, aux adresses mentionnées sur leurs registres d'importation, selon la même source. Ces opérateurs, qui n'ont pas répondu aux convocations des Douanes, «ont été systématiquement bloqués», à l'exception de ceux qui ont accepté de payer les amendes imposées dans le cadre des contentieux engagés par l'institution des Douanes, ajoute-t-elle. Ces dernières années, les Douanes algériennes ont renforcé l'étau autour des fraudeurs mais toutes les opérations d'assainissement n'ont pas réussi à endiguer le phénomène des registres d'importation prête-nom. Plus grave encore, l'institution douanière n'est pas parvenue à établir un fichier crédible des importateurs, car changeant d'année en année à cause des registres annulés et remplacés par des nouveaux. «Nous avons des difficultés à mettre en place un fichier crédible. Les conditions d'octroi des registres de l'importation doivent être revues si on veut assainir le commerce extérieur», enchaîne la même source.L'immatriculation des importateurs par un Numéro d'identification fiscal (NIF), imposé depuis 2006 lors de l'accomplissement des formalités bancaires et douanières, «n'a pas permis pour autant de mettre fin à la location des registres de commerce ou à la récidive». Il est vrai, que le fichier NIF, intégré dans le Système d'information et de gestion informatisée des Douanes (Sigad), permet de détecter systématiquement un opérateur épinglé auparavant pour fraudes douanières ou fiscales, mais reste inefficace face aux opérateurs qui empruntent une nouvelle identité fiscale. Ces opérateurs recourent généralement à la délivrance de registres de commerce au nom de personnes qui n'ont pas fait l'objet d'immatriculation fiscale. Ainsi, les actionnaires des sociétés d'importation ayant la forme juridique de personne morale, peuvent continuer à importer même après avoir été épinglés, en créant simplement une nouvelle société, car le NIF est délivré au nom de la société et non pas au nom des actionnaires, explique à l'APS une autre source douanière. Le gérant de la société reste aux yeux de la loi le seul responsable en cas de fraude, ajoute la même source.