De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Les multiples créneaux culturels dont dispose Constantine sont exploités conjoncturellement et pas toujours de manière optimale. Théâtre, cinéma, musique, peinture… tout un éventail, où les arts du terroir ont bonne place, est représenté et présenté d'une façon sommaire et occasionnelle. Et c'est l'avis de nombreux passionnés et Educateurs qui s'accordent à dire que la prise en charge des artistes laisse à désirer. «La relève n'est pas élargie à tous les chapitres d'une façon didactique et fouillée. Elle souffre d'une légère prise en charge», soutiennent-ils. Les programmes demeurent figés, canalisés sur les mêmes tendances que l'on connait à la ville. Le tandem indissociable artisanat-malouf fait de l'ombre à d'autres mouvements, styles et genres qui nécessitent beaucoup d'attention pour pouvoir émerger et s'imposer. S'agit-il d'une démission ou d'un manque de moyens pour vulgariser les autres expressions artistiques en formant les jeunes ?La formation et l'encadrement est aux premières lignes si on veut maintenir une vie culturelle qui doit être nourrie avec toutes les tendances artistiques existantes. Sans quoi aucune relève n'est envisageable, affirment les experts et les maîtres. A Constantine, celui qui évoque une telle relève renvoie l'esprit systématiquement aux traditionnels Foundoks où se pratiquait le malouf, et où les chouyoukhs excellant dans ce genre musical échangeaient des trames musicales jusque-là incomprises. Cette pratique de l'art et de sa transmission a donné, au fil du temps naissance à plusieurs voies pour garantir sa pérennité. C'est un apprentissage qui sera relayé par l'action durable de plusieurs associations locales. Bénéficiant des appuis financiers modestes des municipalités et de la wilaya, elles s'accrochent et intéressent de plus en plus les jeunes qui ont adopté cet art ancré dans l'histoire et la culture de la ville. La relève dans ce genre musical existe. Toutefois, elle ne reflète qu'une partie du riche patrimoine culturel de Constantine.Le cinéma amateur, le théâtre, la photographie, la peinture, et même d'autres genres musicaux sont quasi dénués de relève. Ils ne doivent leur existence qu'à la passion qui habite ceux qui les pratiquent. «Les tendances culturelles universelles du moment ont un peu bouleversé la problématique de la relève. Puisque chaque féru se consacre à son propre art sans trop se soucier de la relève», analyse un enseignant. Mais cela ne justifie pas tout, de l'avis de quelques personnes que nous avons approché. «Pour qu'il y ait une belle continuité, il faut offrir les structures adéquates et les ressources humaines qui vont avec. Le sens de la relève n'est exprimé qu'en cas de besoin de nos jours», notent-elles.A vrai dire si l'on sortait de la coquille de la musique andalouse, la cité millénaire se perd un peu dans les autres dimensions artistiques (et même culturelles). Les rares essais manifestés brillent un temps et disparaissent jusqu'au prochain rendez-vous. Pourtant, la wilaya compte des espaces d'apprentissage jugés convenables pour aménager des classes et des ateliers. Mais rien n'émerge. En attendant d'éventuelles actions hors du cadre administratif culturel qui travailleraient à l'émergence de cette fameuse relève, la scène constantinoise continuera de puiser dans ses réserves pour entretenir l'illusion d'une vie culturelle.