Le congrès de la Soummam du 20 août 1956 constitue un évènement clé dans la réussite de la Révolution algérienne, dont les décisions avaient permis la poursuite de la guerre de la libération nationale malgré les difficultés et la puissance de l'armée coloniale. En effet, le congrès de la Soummam est l'un des évènements majeurs ayant marqué la longue lutte du peuple algérien pour son indépendance, dont on célèbre cette année le cinquantième anniversaire. Pour beaucoup d'historiens, dont Mohamed Lacen Zghibi, la plate-forme de la Soummam, le document ayant sanctionné les travaux de ce congrès, est d'une "grande valeur" est reste "toujours valable pour la construction d4un pays et d'une société". Ce congrès avait "structuré militairement et politiquement" la Révolution et avait fait une "projection sur l'unité du Maghreb", a ajouté Zghibi lors d'une conférence dédiée à la célébration du double anniversaire du 20 août (l'attaque du nord-constantinois en 1955 et le congrès de la Soummam en 1956). Prés de deux ans après le déclenchement de la Révolution, qui était jusque là régie sur la base d'un seul document à savoir la Déclaration du 1er novembre 1954, la nécessité d'organiser cette lutte, de la structurer et de lui donner une assise nationale devient alors une nécessité absolue. Depuis sa sortie de prison en janvier 1955 (il fut arrêté en 1950), Abane Ramdane s'était attelé, en compagnie de Larbi Ben M'hidi, les deux architectes de ce congrès, à doter la Révolution de structures fiables pour la poursuite de l'action politique et militaire. Les deux dirigeants ont commencé alors à contacter les responsables et les chefs de zones pour la tenue d'un congrès rassembleur. Une initiative qui fut favorablement accueillie. Tenir un congrès d'une dizaine de jours en pleine guerre : un réel exploit Quant au lieu de la tenue de ce conclave, le choix fut porté en premier lieu sur Djebel Béni Salah près de Souk Ahras ensuite l'idée fut admise pour qu'il se tienne dans la région de Zarroura à l'Ouest de Skikda mais les conditions sécuritaires et d'approvisionnement ne s'y prêtaient pas. La décision fut alors prise de l'organiser à Ifri (Bejaia) dans la zone III devenue par la suite wilaya III (après le nouveau découpage adopté, par le congrès de la Soummam). Etant situé au centre de pays, la zone III devait permettre à tous les congressistes d'être présents. Elle était également une région très protégée militairement sous la conduite du Colonel Amirouche. Il s'agit là d'un réel exploit. Car réussir à tenir dans le secret absolu un congrès de plus d'une dizaine de jours en pleine guerre, sur un terrain où les forces coloniales ennemies sont fortement implantées et dotées de tous les moyens de détection de toute information relevait du miracle. L'ordre du jour du congrès comprenait notamment: étude et discussion des rapports des zones aux plans politique, militaire et financier, organisation des structures et des instances directionnelles de la révolution, la logistique et l'armement et la relation entre le FLN et l'ALN.
Des décisions décisives pour la poursuite de la guerre de libération En dépit de certaines critiques notamment l'absence de représentants de la zone 1(Aurès-Nememcha) et de la délégation extérieure du FLN au congrès de la Soummam, des décisions décisives pour la réussite de la guerre de libération nationale allaient sanctionner les travaux de cette rencontre historique. Les cinq zones, découpage qui était en vigueur depuis le 1er novembre 1954, étaient remplacées par six wilayas (Aurès-Nememcha, nord-Constantinois, Kabylie, l'Algérois, l'Oranie et le Sud). Une wilaya était divisée en quatre zones. Chaque zone en quatre régions. Cette dernière était divisée en quatre secteurs. En plus de la restructuration de l'Armée de libération nationale (ALN), le congrès créa le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) une sorte d'assemblée nationale et le Comité de coordination et d'exécution (CCE), organe exécutif de la révolution, remplacé en septembre 1958 par le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Parmi les décisions politiques importantes prises, le congrès avait consacré la primauté du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur ainsi que la nature de l'Etat algérien, à savoir une République démocratique et sociale. Ces décisions n'avaient pas fait l'unanimité parmi tous les dirigeants de la Révolution. Au congrès du CNRA tenu au Caire en août 1957, il a été mis fin à cet état de fait en consacrant l'égalité entre tous les combattants et que la République algérienne, en plus d'être démocratique et sociale, doit répondre aux principes fondamentaux de l'Islam. Les congressistes sont parvenus à une plate-forme qui affirme dans sa conclusion que "La révolution Algérienne du 1er Novembre 1954 est sur la bonne voie. La lutte sera encore difficile, âpre, cruelle. Mais sous la ferme direction du Front de Libération Nationale, la victoire couronnera la longue lutte armée menée par le peuple algérien indompté. La date du 5 juillet 1830 sera effacée avec la disparition de l'odieux régime colonial. Le moment est proche où le peuple algérien recueillera les doux fruits de son douloureux sacrifice et de son courage sublime. L'indépendance de la patrie sur laquelle flottera souverainement le drapeau national algérien». Aujourd'hui, la célébration du cinquantenaire de l'indépendance du pays donne à ces évènements majeurs toute leur importance dans la marche du peuple algérien vers l'indépendance et l'édification d'un Etat moderne, démocratique et social dans le respect des principes de la Révolution.