Une libéralisation globale des marchés gaziers internationaux basée sur les principes de l'offre et la demande risquerait d'affecter la rentabilité des projets gaziers et, de ce fait, menacer la sécurité des approvisionnements, a prévenu, hier à Alger, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, dans un message lu en son nom par le secrétaire général du ministère, Ahmed Messili, lors des travaux du 4e Symposium de l'Association algérienne de l'industrie du gaz (AIG) qui se déroule à Alger. Le ministre a, à ce titre, rappelé que les contrats gaziers à long terme permettaient d'assurer la rentabilité des investissements engagés par les producteurs, mais surtout garantissent la sécurité des approvisionnements au profit des pays consommateurs. M. Yousfi a, en outre, réaffirmé l'engagement de l'Algérie pour la stabilité du marché international du gaz à travers ses différents investissements de production et de transport. De son côté, le P-dg de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, a indiqué que l'Algérie continuera à œuvrer pour l'indexation des prix du gaz sur ceux du pétrole dans le cadre des contrats à long terme qui assurent un débouché aux investissements gaziers engagés par les pays producteurs. A son tour, M. Nordine Ait Laoussine, ancien ministre de l'Energie, a prévenu qu'un prix du gaz durablement inférieur à 10 dollars risque de «compromettre lourdement» les grands projets d'exportation de l'Algérie. «Une analyse sommaire des fondamentaux (du marché) nous enseigne qu'un niveau de prix du gaz sur les principaux marchés importateurs durablement inférieur à 10 dollars le million de BTU en Europe ou à 12 dollars en Asie, compromettrait lourdement l'économie de tous nos grands projets d'exportation», a déclaré M. Ait Laoussine au cours d'une session du 4e Symposium de l'AIG consacré au prix du gaz sur les marchés internationaux. «De même qu'il n'y aura plus de pétrole bon marché, il n'y aura pas non plus de gaz bon marché, qu'il soit originaire de l'Amérique du nord, d'Australie, de Vladivostok ou du Mozambique», ajoute M. Ait Laoussine lors de cette session animée également par l'ancien ministre de l'Energie, M. Sadek Boussena. Le même expert relève qu'à l'opposé du marché pétrolier unifié, les marchés du gaz sont régionaux, où les prix sont négociés différemment en Asie, en Europe et en Amérique du nord. Le manque de convergence entre ces marchés entraîne des disparités dans les prix qui peuvent frôler les 18 dollars MBTU en Asie et descendre à moins de 10 dollars en Europe et dégringoler à 4 dollars en Amérique du nord. La solution à cette disparité qui devrait arranger aussi bien les producteurs que les consommateurs est d'aller vers une globalisation du marché international du gaz. Cette globalisation reste, selon M. Ait Laoussine, possible mais seulement après une longue période de transition vers une formule de prix hybride comprenant le modèle de cours à long terme et celui du marché spot. Cette globalisation ne doit signifier cependant «ni uniformité à 100% des prix, ni effondrement des prix régionaux actuels», soutient M. Ait Laoussine. Aussi, elle ne mettrait pas fin à «la volatilité des prix et ne doit pas conduire à des prix spot systématiquement ou durablement inférieurs aux prix de long terme», a-t-il dit. L'Algérie doit, dans le contexte de fermeture du marché gazier Américain, orienter ses efforts dans deux directions stratégiques : protéger ses parts de marché en Europe et orienter ses exportations de GNL vers le marché asiatique très prometteur. Pour autant, «la tâche ne sera pas facile pour l'Algérie» concernant la protection de ses débouchés en Europe, car la demande gazière dans le Vieux continent connait un déclin depuis 2008, reculant chaque année de près de 12%, estime M. Ait Laoussine. B. A.