Photo : N. Hanachi De notre correspondant à Constantine Nasser Hanachi
S'entretenir avec les personnalités de Constantine, les recteurs des campus, les hommes de culture, les autorités locales, puis faire le point sur tout ce qui existe en matière de coopération avec la France et ses institutions. C'est, en résumé, l'objectif de la visite de deux jours effectuée par l'ambassadeur de France en Algérie, André Parant, qui a animé, mercredi à l'Institut français (IF), une conférence de presse au cours de laquelle il abordera d'autres points saillants de l'actualité sécuritaire au Sahel et en Syrie. D'emblée, l'ambassadeur affirmera que les relations bilatérales entre l'Algérie et la France repartent de plus belle après un temps de refroidissement. Accompagné du consul de France à Annaba, Sameh Safty, et de son conseiller de presse, Sebastien Fagart, le diplomate, qui était à la recherche «de propositions de coopération», est revenu sur la visite du président français, François Hollande, qui, selon lui, aurait aplani les divergences entre Alger et Paris après son discours sur «l'injustice du système colonial qu'aucun autre président français n'a jusque-là évoqué». Ce sont autant d'indices de la détermination à promouvoir les relations entre les deux pays, dira M. Parant. «Il faut dépasser ce différend historique et aller de l'avant avec ces relations franco- algériennes qui ne repartent pas à zéro car disposant de richesses communes culturelles et historiques», soutient le diplomate. Preuve en est l'objectif de sa visite à Cirta qui «sert à mieux connaitre l'Algérie dans sa richesse et sa diversité» a-t-il déclaré, et de poursuivre : «Je profite de ce déplacement pour voir ce que l'on peut entreprendre en matière de coopération avec la France et ses institutions, et relancer ou réactiver la substance existante Quant au volet culturel, puisque Constantine abritera bientôt la manifestation de la capitale de la culture arabe 2015, des partenariats à nouer sont envisagés autour de cette manifestation avec de grands projets : des musées devront être réalisés avec l'éventuelle implication d'organismes français, la rénovation du patrimoine historique de Constantine, l'aménagement des berges du Rhumel.» Il est également question de relancer la coopération dans le domaine universitaire et redonner un second souffle au jumelage des villes de Grenoble et de Constantine, lequel aujourd'hui affiche une baisse d'activité. «Nous sommes convenus de favoriser la relance de ce partenariat.» M. Parant entend bien «élargir la contribution française dans plusieurs secteurs industriels, économiques en enrichissant le tissu des petites et moyennes entreprises (PME/ PMI)». Avant cela, des priorités spécifiques propres aux besoins de la cité millénaire concernant son terrain propice à l'investissement devront être fixées, afin de définir ensuite «les secteurs sujets à participation». «On va délimiter les secteurs prioritaires et puis engager le contact entre les partenaires et institutions algériennes pour mener à bien des projets dans les différents domaines», devait-il déclarer à la Tribune. Et de mettre un zest d'assurance sur l'entrevue qu'il a eue avec le wali de Constantine : «Nous nous sommes échangés des points de vue sur les domaines de la coopération se référant à l'existence d'entreprises françaises sur le sol Constantinois,Seaco, Lafarge,…». Questionné sur le climat d'affaires régnant en Algérie, l'ambassadeur estimera que, vu le nombre des investisseurs présents en Algérie, le taux d'intéressement reste honorable, soulignant au passage que les indicateurs économiques sont éloquents. «Hors secteur des hydrocarbures les entreprises françaises sont premiers investisseurs en Algérie. C'est une réalité», affirme-t-il. Et de s'interroger : «Doit-on pour autant se satisfaire de cette situation ou la conforter davantage en faisant mieux ? Cela relève de la responsabilité à la fois des autorités algériennes et françaises. C'est à elles qu'incombe cette tâche d'encourager les entreprises à venir s'installer en Algérie. L'Algérie a enregistré une nette amélioration dans ce sens et devra maintenir cette démarche adéquate aux d'affaires selon le précepte gagnant-gagnant. Je pense que le climat est devenu favorable, en témoignent les indicateurs économiques. Et les Algériens en sont conscients. Au terme de 2013, date à laquelle expirent les divers contrats, de nouvelles clauses devraient être adoptées pour relancer les collaborations en cours.» Par ailleurs, le représentant de l'Etat français a récusé les dires selon lesquels quelques entreprises de l'hexagone qui exerçaient leurs activités dans le Sud, ont quitté le Sud après l'attaque terroriste à In Amenas au niveau du complexe gazier de Tiguentourine. A cet effet, il indiquera qu'«elles ont pris des mesures de sécurité en rapatriant à Alger les travailleurs actifs sur le chantier du site de production. Dès que la situation a été clarifiée les choses sont retournées à la normale» N. H.
La proposition d'armer les rebelles Syriens sans écho… A propos de la question sécuritaire au Sahel, l'ambassadeur de France en Algérie a réaffirmé la décision réfléchie de son pays qui est parti au secours des populations au Mali. Ceci dit l'intervention militaire française était édictée par «l'urgence d'agir», mais désormais il faut songer à la solution politique pour restaurer le calme dans ce pays. «On n'avait pas d'autre alternative pour éviter à Bamako d'être sous l'emprise d'Aqmi.» «Le retour au calme dans ce pays se réalise en concertation avec la communauté internationale», a-t-il déclaré en reconnaissant à l'Algérie son expérience dans la lutte antiterroriste et en rappelant que l'Algérie et la France coopèrent sur la question malienne et contre le terrorisme. A la question d'armer la rébellion syrienne pour lutter contre les forces de Bachar Al Assad, le diplomate avouera que pour l'heure seuls les Français et les Britanniques ont proposé aux Européens la levée de l'embargo pour armer les rebelles. «La proposition n'a pas pour l'instant fait consensus et aucune décision n'a été prise. Des concertations avec nos partenaires de l'union européenne sont en cours», nous répond l'ambassadeur, précisant que son pays n'agira que dans le cadre strict des lois internationales. Prés de 210 000 visas accordés en 2012 Le nombre de visas accordés a sensiblement augmenté durant ces dernières années, a souligné l'ambassadeur, qui s'est exprimé sur la lancinante question de la circulation de personnes. «On est passé de 120 000 visas en 2007 à 210 000 en 2012», avec en sus une réduction significative du taux de rejet, notamment à Alger. Sur le chiffre on compte 35% de visas de circulation délivrés à Alger, et15% de taux de rejet. Alors que les deux consulats d'Oran et d'Annaba ont totalisé 45% visas de ce type. Environ 80% des dossiers déposés connaissent une issue favorable, a affirmé l'ambassadeur qui rassure : «Nous délivrons de plus en plus de visas de circulation (de 6 mois à 3 ans de validité) aux personnes ayant des raisons professionnels. Cela simplifie la vie à tout le monde notamment pour les demandeurs et aux consulats.» Evoquant l'imminente externalisation des structures pour la prise d'empruntes digitale et le payement des frais, il révèlera que l'option s'étendra d'ici fin 2013 à Annaba et à Oran, après les bons résultats obtenus à Alger via ces prestataires, ce qui a réduit le taux de rejet et facilité le traitement des dossiers. L'ambassadeur présente ses condoléances aux parents d'Ibrahim et de Haroun Avant l'entame de la conférence de presse, l'ambassadeur a tenu à s'exprimer sur la tragédie qui a ébranlé la nouvelle ville Ali-Mendjeli et toute l'Algérie. «Ma visite intervient dans des conditions particulières en raison de ce drame qui a ému la population algérienne. Je voudrais à cette occasion exprimer mes condoléances aux familles des deux enfants qui ont été sauvagement assassinés tout en partageant naturellement l'émotion de toute la population de Constantine», dira-t-il.